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King Kong,
        2005, 
 
de : Peter  Jackson, 
 
  avec : Naomi Watts, Adrien Brody, Jack Black, Thomas Kretschmann, Colin Hanks, Evan Parke, Andy Serkis, Jamie Bell,
 
Musique : James Newton Howard

   
   
Carl Denham (Jack Black) est lâché par ses producteurs pour le dernier film qu'il désire tourner dans des conditions, il est vrai, particulières. En effet, détenteur d'une mystérieuse carte, il est en quête d'une île inexplorée, qui constituerait le décor idéal de l'histoire qu'il fait scénariser par le célèbre auteur de théâtre Jack Driscoll (Adrien Brody). Les finances ne sont pas son seul souci, car il lui faut trouver de toute urgence une actrice pour le rôle principal. Le destin place sur son chemin la jolie Ann Darrow (Naomi Watts), qui vient de voir son théâtre fermer. Il la convainc qu'elle tient le rôle de sa vie et tous deux embarquent avec matériel, techniciens et scénariste sur le cargo du capitaine Englehorn (Thomas Kretschmann). Le navire appareille en catastrophe, car la police, envoyée par les producteurs pour stopper Denham, est sur le point d'arriver... 
 
   Trente ans plus tôt, la version de John Guillermin n'avait pas fait l'unanimité, c'est le moins que l'on puisse dire ! Il était d'ailleurs légitime de se demander si un nouveau remake du célébrissime film des années 30, tourné par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, avec Fay Wray, était indispensable. Au terme de cette oeuvre de presque trois heures, la réponse est d'une évidence totale : oui ! Trois fois oui !!!  
 
   Dès les premières séquences, le spectateur est précipité dans la vie new-yorkaise d'il y a un siècle, avec une vitalité, une authenticité, une énergie qui ne sont pas sans évoquer l'ouverture de "Titanic". Gorgée de personnages intensément vivants, l'histoire capte immédiatement l'attention, et l'on pressent que l'aventure avec un grand "A" nous attend au fil de la narration. Aventure, certes. Elle est présente du commencement à la fin, avec un nombre incalculable de séquences plus spectaculaires les unes que les autres. La longue suite de drames dans l'île du crâne est un alliage hautement tétanisant d'Indiana Jones et de "Jurassic Park" élevés à la puissance 10 ! Les rites barbares irradient une authenticité sauvage, tandis que brontosaures, triceratops, tyrannosaures, sans parler des myriades de bestioles plus agressives et répugnantes les unes que les autres, donnent à cette portion de l'oeuvre une puissance effroyable dont l'énergie et la folie brutes se jouent de la vraisemblance ou de la réflexion. S'il n'y avait que cet aspect dans le film de Peter Jackson, la réussite serait déjà notable. 
 
   Mais il y a, heureusement pour nous spectateurs, beaucoup plus encore. Loin de n'être qu'un catalogue hypertrophié de monstres en tous genres et d'aventures épiques, l'histoire impose une histoire d'amour poignante, sublimée par la qualité de création de la "Bête", infiniment plus expressive dans ses émotions naissantes, dans la découverte de son étincelle d'humanité, que nombre d'acteurs en chair et en os, mais également par l'incarnation de Naomi Watts, toute en finesse et sensibilité passionnée. En fait, c'est tout le casting qu'il est indispensable d'associer à cette réussite, avec en tête Adrien Brody, toujours magnétique et rayonnant, ainsi que Jack Black, obsédé par ce qui devait être le triomphe de sa vie d'artiste jusqu'alors méprisé.  
 
   C'est donc à un mélange quasi unique de sauvagerie et de poésie humaniste (le ballet sur glace de Kong et d'Ann restera dans les mémoires), que nous fait participer Peter Jackson, décidément hautement inspiré par les ouvrages ou les films dont il choisit de recréer l'univers. Il le fait avec les moyens techniques actuels, mais en ayant l'intelligence et l'art de les mettre au service de ses drames, ce qui n'est pas si courant aujourd'hui...
   
Bernard Sellier