Lady Jane, film de Robert Guédiguian, commentaire

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Lady Jane,
       2008,  
 
de : Robert  Guédiguian, 
 
  avec : Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Yann Tregouët, Pascale Roberts,
 
Musique : --


   
Muriel (Ariane Ascaride), François (Jean-Pierre Darroussin) et René (Gérard Meylan) étaient jadis cambrioleurs. Depuis une quinzaine d'années, à la suite d'une "bavure" qui révèlera son mystère, ils se sont séparés et reconvertis. La jeune femme vit avec son fils Martin (Giuseppe Selimo) et tient un magasin haut de gamme à Aix en Provence. François vit avec sa femme et ses deux filles et a créé un petit garage de réparation de bateaux. Quant à René, il vit plus ou moins de proxénétisme. Lorsque le fils de Muriel est kidnappé, et qu'une forte rançon est demandée, elle fait appel à ses deux anciens partenaires... 
 
    Après un "Marius et Jeannette" qui avait fait connaître Robert Guédiguian et auquel j'avais été fort peu sensible, la sortie de "Marie-Jo et ses deux amours" avait quelque peu changé la donne. Grave, sensible, mélancolique, le film semblait ouvrir une nouvelle voie dans la création très "fermée" (toujours les mêmes acteurs, le même décor marseillais) du réalisateur. Avec cette nouvelle histoire, la déception est aussi majeure que brutale, malgré un thème de départ riche de promesses (les illusions perdues, le regret d'être passé à côté de l'essentiel désormais inaccessible, le poids des actions anciennes). Les héros sont des truands, soit. Cela n'a jamais été un handicap à l'intérêt ou même à la sympathie que l'on peut éprouver pour les drames qu'ils traversent. Il suffit d'évoquer le souvenir de David Aaronson (Robert de NIro) dans "Il était une fois en Amérique" ou de Carlito Brigante (Al Pacino) dans "L'impasse", pour s'en convaincre. Ici, le scénario réussit l'exploit de rendre le trio non seulement étranger à notre compassion, mais encore profondément déplaisant, voire antipathique. A l'exception (très ponctuelle, hélas !) de François, aucun des personnages, engoncés dans leurs frustrations, regrets, souvent à la limite de l'autisme, ne réussit à rendre touchante une tragédie qui, sur le papier, promettait beaucoup. Gérard Meylan, qui n'a jamais été un foudre d'extériorisation, atteint un niveau d'inexpressivité maximal. S'il est des cas où l'ellipse, le suggéré, les non-dits, sont générateurs de tension émotionnelle, ce n'est assurément pas le cas ici ! De plus, la narration semble avancer avec difficulté, cherchant ses repères laborieusement. Cerise sur le gâteau, si l'on peut dire, certains des rares dialogues sont, comme c'est assez souvent le cas dans les films français, difficilement audibles et, pour faire "branché" sans doute, une musique agaçante intervient lorsque l'on souhaiterait le silence... Que ce soit dans l'histoire, les personnages, la conduite du récit, il est bien difficile de trouver des éléments provoquant un début d'enthousiasme. Une déception quasi totale !
   
Bernard Sellier