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La maison du Dr. Edwardes,
     (Spellbound),     1945, 
 
de : Alfred  Hitchcock, 
 
  avec : Ingrid Bergman, Gregory Peck, Michael Chekhov, Leo G. Carroll, Rhonda Fleming, John Emery,  
 
Musique : Dimitri Tiomkin


   
Le docteur Murchison (Leo G. Carroll), responsable de la clinique psychiatrique de Green Manors, doit laisser sa place au jeune docteur Edwardes (Gregory Peck). Ce dernier arrive auréolé d'une réputation de grand clinicien et d'auteur faisant autorité dans le domaine de la culpabilisation. Dès son arrivée, le docteur Constance Peterson (Ingrid Bergman), restée jusque là à l'écart des hommes, tombe immédiatement amoureuse de ce séduisant médecin. Mais, très vite, les doutes s'installent. La vérité éclate brutalement : Edwardes est un amnésique, s'appelle en réalité John Ballantine, et le véritable psychiatre a disparu. Pour éviter à Constance des ennuis, John décide de se cacher à New York. Mais Constance le retrouve, bien décidée à l'aider à retrouver la mémoire... 
 
   Autant le dire tout de suite, je n'ai jamais été un fan d'Hitchcock. Le côté "m'as-tu-vu" du personnage et de ses réalisations m'a toujours quelque peu agacé. De même que l'aspect : "vous voyez comme c'est terrifiant... Eh bien, c'est du bluff". Cela dit, il est impossible de ne pas être ensorcelé par les délires de "La mort aux trousses" ou le mécanisme parfaitement huilé de "Le crime était presque parfait". 
 
   Ici, nous avons affaire à un mélange de passion et de suspense (enfin, le minimum syndical !), et l'intérêt premier de l'œuvre naît des rapports du couple Bergman-Peck. Outre le charisme des interprètes (Ingrid Bergman est d'une beauté radieuse et Gregory Peck, plus sombre qu'à l'habitude, arbore cette prestance à la fois mystérieuse et aristocratique qui fait son charme inimitable.), cette histoire de coup de foudre accompagné d'une confiance indestructible dans l'objet du désir, est tout à fait touchante. C'est la lutte symbolique de l'information logique de la raison, avec la connaissance intuitive du cœur. Autour de cette découverte de l'amour par une femme jusqu'alors froide, pour ne pas dire icebergienne, se greffe une intrigue basique qui n'est pas inintéressante en elle-même, mais dont le traitement purement hitchcockien ( descente en ski complètement truquée avec mouvements chaloupés ridicules sur fond de photo, musique de fond souvent présente et passablement agaçante ), laisse tout de même assez frustré. Quant à l'apologie simpliste de la technique d'analyse freudienne, elle permet surtout d'assister à une composition onirique originale de Salvador Dali. 
 
   Dans l'ensemble, ce film souffle le chaud et le froid. Sympathique, parfois émouvant, quelquefois énervant, doté d'un doublage type années 40, tantôt bon (le docteur Alexander 'Alex' Brulov (Michael Chekhov), tantôt maniéré. Dans le genre "drame de l'amnésie", je suis infiniment plus sensible au poignant "Prisonniers du passé" de Mervyn le Roy, tourné trois ans plus tôt, même si, sur le papier, le couple Ronald Colman - Greer Garson n'a peut-être pas la même aura que celui-ci.
   
Bernard Sellier