La richissime Emily Bradford Taylor (Gwyneth Paltrow), interprète au Conseil de Sécurité, épouse de Steven Taylor (Michael Douglas), qui dirige une importante société, a pour amant un jeune peintre, David Shaw (Viggo Mortensen), et songe à quitter son mari. Ce qu'elle ignore, c'est que Steven, parfaitement au courant de sa liaison, contraint David à la supprimer, sous couvert d'un cambriolage. Un héritage de cinq cents millions de dollars serait le bienvenu pour couvrir des pertes importantes en bourse. Mais tout ne se passe pas exactement comme prévu, puisque l'agresseur est tué par la jeune femme...
On aura bien évidemment reconnu la trame de "Le crime était presque parfait", d'Alfred Hitchcock. Mais peut-on vraiment parler de "remake" ? Assurément, un certain nombre d'éléments se retrouvent ici : le point de départ, l'empreinte sur les enveloppes, la mise en scène de l'assassinat, le coup de téléphone à l'instant fatidique, et cette petite clé, qui tient une place si grande... Mais ce ne sont finalement que de menus composants et l'on vient même à se demander pour quelle raison Andrew Davis a cru bon de les intégrer dans une oeuvre qui, de ce fait, est immanquablement comparée à celle du "Maître". Car, prise intrinsèquement, cette histoire-ci est bien construite, efficacement maîtrisée, et mérite d'exister dans son essence propre. Michael Douglas, qui, décidément, n'en finit pas d'avoir des problèmes avec la gent féminine ("Harcèlement", "Basic instinct", "La guerre des Rose", "Liaison fatale"...) compose son personnage habituel de mâle puissant, aux mâchoires serrées, avec la conviction qu'on lui connaît. Gwyneth Paltrow, blonde et apparemment fragile, à l'image des héroïnes hitchcockiennes, est parfaite dans son rôle de victime. L'unité de lieu qui caractérisait tout le déroulement du drame de Grace Kelly, vole ici en éclats. Nous sommes dans une réalisation moderne, qui se régale de décors somptueux, et nous emmène en train, en bateau, en limousines. Cela ne nuit pas à l'intensité du récit, qui atteint, par moments, une belle puissance. La trame simplissime, concentrée, qui faisait de Tony Wendice le représentant exclusif du mal, et de Mark Halliday le blanc chevalier, est, elle aussi, mise à rude épreuve dans cette version. On ne peut d'ailleurs que s'en réjouir, car la personnalité véritable de David, qui se révèle progressivement, enrichit l'évolution psychologique des autres personnages, ainsi que l'enchaînement des péripéties.
Malheureusement, cette tragédie domestique et amoureuse est gâchée par un final décevant. Le réalisateur a voulu, à cette occasion, se démarquer de l'œuvre inspiratrice, ce que l'on comprend fort bien. Le choix qu'il a fait, en revanche, s'il a le bon goût de ne pas sombrer dans le gore, comme c'était le cas pour "Liaison fatale", par exemple, laisse une impression de banalité qui affadit les qualités développées tout au long de la narration. C'est dommage !