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Mickey 17, 2025,
de : Joon-ho Bong,
avec : Robert Pattinson, Naomi Ackie, Mark Ruffalo, Toni Collette,
Musique : Jung Jae-il
Le politicien Kenneth Marshall (Mark Ruffalo), incapable de se faire élire sur terre, décide de fonder une colonie sur la planète Niflheim, et d'en profiter pour expérimenter une méthode de clonage humain interdite sur terre. Après quatre ans de voyage interstellaire, il arrive avec un certain nombre d'adeptes au but du voyage. Le sujet de ses expériences, Mickey Barnes (Robert Pattinson), est utilisé pour toutes les missions périlleuses, étant donné que dès sa mort, un remplaçant exactement semblable est imprimé...
Bien que les sujets des films du réalisateur paraissent disparates (Parasite, Snowpiercer, Memories of murder, Okja...), plusieurs thèmes fondamentaux surnagent. La décomposition d'un monde en perdition, le parasitisme - ce sont ici les humains qui se montrent les envahisseurs parasites d'un monde paisible -, l'animalité de certains humains... Mais ce qui fait le prix de cette énième variation sur un univers futuriste gangrené par les découvertes perverses d'esprits malades, c'est le mélange particulièrement réussi de sérieux et de délires maîtrisés. Nous ne sommes pas dans la folie totale d'un Mars attacks, mais dans une tragédie intimiste insérée dans une dénonciation ubuesque de toutes les colonisations. Mickey passe progressivement de l'état de machine recyclable à celle d'être conscient de sa valeur et digne d'être aimé. Ça, c'est pour le côté émotionnel grave. Mais, sur le versant opposé, le film s'en donne à cœur joie avec un couple de fêlés d'anthologie. Mark Ruffalo, grandiose, campe un politicien nazifiant, bête et méchant, tandis que son épouse, Ylfa (Toni Collette) endosse le rôle d'une impératrice aussi mielleuse que castratrice et cruelle. Et ces deux tarés majuscules apportent à l'œuvre un humour ravageur très souvent jouissif. Si l'on ajoute à cela une atmosphère et une réalisation impressionnantes (les bestioles sont magistralement restituées), on ne peut que saluer cette réussite de scien-fiction qui allie avec bonheur fantaisie humoristique et réflexion sur les dérives qualifiées de scientifiques qui nous menacent un peu plus chaque jour.
Bernard Sellier