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Open your eyes,
     (Otwórz oczy),    2021, 
 
de : Anna  Jadowska, 
 
  avec : Maria Wawreniuk, Ignacy Liss , Michal Sikorski, Marta Nieradkiewicz, Marcin Czarnik,
 
Musique : Claude Debussy 


   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

   
Julia (Maria Wawreniuk), une jeune fille de 17 ans, se réveille dans un centre spécialisé dans les soins pour amnésiques. Plusieurs autres personnes de son âge y sont traités, en particulier Adam (Ignacy Liss), qui adore le piano, ou encore Magda (Sara Celler-Jezierska), paranoïaque et violente. Tous sont sous la surveillance du docteur Zofia Morulska(Marta Nieradkiewicz), et d'un nouveau thérapeute, Piotr (Marcin Czarnik). Petit à petit, Julia retrouve des bribes de son histoire passée...
 
   Cette courte série en six épisodes prend tout son temps pour démarrer sa trame dramatique. C'est une qualité louable de ne pas se précipiter d'emblée dans le spectaculaire ou les effets d'esbroufe, et cette retenue permet en théorie d'entrer en empathie avec les différentes personnalités. Mais à la fin du premier tiers, le spectateur n'est pas beaucoup plus avancé qu'aux premières minutes, sinon que quelque chose de bizarre se passe dans cette clinique pour amnésiques profonds, ce qui n'est pas vraiment un scoop. La répétitivité de certaines scènes, dont on perçoit difficilement la justification (en particulier les multiples essais pianistiques interrompus d'Adam et de Julia, avec un «Clair de lune» de Debussy, qui tourne en boucle...), n'aide pas à entamer un investissement viscéral dans l'histoire. L'actrice qui incarne Julia ne manque pas de charisme, mais cela finit par être insuffisant pour entrer véritablement dans ce drame qui convoque les manipulations et pratiques secrètes de centres hospitaliers pervertis («Mesures d'urgence», «Morts suspectes», ou encore «A cure for life», sans oublier le remarquable «Shutter island» de Martin Scorcese).

   Un second handicap, et non des moindres, tient au fait que l'intrigue n'avance guère. Les quelques pointes dramatiques majeures qui apparaissent de temps en temps (la mort de Magda, l'état de Simon, la découverte des sous-sols, la fuite du centre) ne semblent pas faire progresser un récit qui donne l'impression de tourner en rond. Il faut attendre l'ultime épisode pour qu'un basculement véritable s'invite dans la trame narrative. Les surprises s'accumulent alors, mais toute cette agitation dans le méli-mélo hallucinations-réel, ne convainc pas vraiment. Les enjeux demeurent très flous et l'ultime rebondissement qui nous invite à plonger dans une seconde saison laisse perplexe. Est-ce que les scénaristes savent où ils vont, et, surtout, est-ce qu'ils parviendront à captiver l'attention du spectateur avec le développement d'un mystère qui, pour le moment, reste assez évasif ? Le scepticisme est de mise à la fin de cette première saison...
   
Bernard Sellier