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La piscine,
     1969, 
 
de : Jacques  Deray, 
 
  avec : Romy Schneider, Alain Delon, Maurice Ronet, Jane Birkin,
 
Musique : Michel Legrand

   
   
Marianne (Romy Schneider) et Jean-Paul (Alain Delon), amants depuis deux ans, sont en vacances près de Saint-Tropez dans une luxueuse villa. Ils reçoivent un jour la visite d'un ancien ami du jeune homme, Harry (Maurice Ronet). Celui-ci est accompagné de sa fille Pénélope (Jane Birkin), dont personne ne connaissait l'existence...

    Lorsqu'on regarde la filmographie agitée, voire explosive de Jacques Deray («Borsalino», «Flic story», «Le marginal», «Le solitaire», «Le gang», «rois hommes à abattre»...), on ne peut qu'être surpris par cette incursion dans le genre drame romantique, d'autant plus qu'il serait difficile de concevoir un rythme plus asthmatique, pour ne pas dire soporifique, que celui adopté ici. On ne peut nier qu'il exprime à merveille l'ennui doré de ces deux amoureux désoeuvrés. Mais malgré le charme du quatuor d'actrices et acteurs, voir, durant soixante dix minutes, plongées dans la piscine, baise, petit déjeuner, courtes parlotes, puis à nouveau plongées dans la piscine, baise, petit déjeuner, courtes parlotes... c'est très long. Lorsque le drame survient, l'intérêt se ravive puisque la fadeur des journées se voit pimentée par une ambiguïté dans les relations de Marianne et de Jean-Paul. C'est souvent à travers les silences, par le biais des regards que les doutes, les rancoeurs larvées, les désirs sous-jacents se manifestent. Pourtant, si la subtilité et la suggestion sont de mise tout au long du film, l'ensemble paraît tout de même bien vide, d'autant plus que le personnage de Pénélope ne fait que de la figuration. L'apathie chronique de Jean-Paul semble même gagner in fine Marianne qui s'enfonce dans une sujétion inattendue. Le film de René Clément, "Plein soleil", tourné neuf ans auparavant avec les deux mêmes têtes d'affiche et la même destinée tragique du charismatique Maurice Ronet, avait nettement plus de consistance.

   À noter que le film, ressorti récemment à la télévision (décembre 2020), possède une image de qualité très correcte. La bande son, en revanche, présente un ronronnement de fond prononcé et pénible sur la durée.
   
Bernard Sellier