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Prête-moi ta main,
       2006, 
 
de : Eric  Lartigau, 
 
  avec : Alain Chabat, Charlotte Gainsbourg, Bernadette Lafont, Vladimir Yordanoff, Katia Lewkowicz, Louise Monot, Grégoire Oestermann,
 
Musique : Erwann Kermorvant

   
   
La réussite professionnelle de Luis Costa (Alain Chabat), 43 ans, en tant que "nez" dans une importante firme de parfums, est indéniable. En revanche, côté sentimental, tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pas tant pour lui, qui s'accommode fort aisément d'aventures sexuelles éphémères, que pour sa mère, Geneviève (Bernadette Lafont) et ses cinq soeurs, qui n'en peuvent plus de laver ses chemises et de le tenir à bout de bras. Elles lui imposent un jour de trouver l'épouse idéale, et se chargent pour lui de surfer sur Internet afin de dénicher la perle rare. N'en pouvant plus, Luis propose un jour à Emma (Charlotte Gainsbourg), soeur de son collègue Pierre-Yves (Gregoire Oestermann), de simuler un mariage qui, bien sûr, se briserait juste avant le "oui" fatidique... 
 
   Quel plaisir de voir Eric Lartigau s'éloigner de l'humour ras-le-crottin qu'il avait développé dans "Mais qui a tué Pamela Rose". Surtout pour donner naissance à un bébé des plus affriolants ! Adoptant une direction opposée à celle du "Petit jeu sans conséquence" de Bernard Rapp, dans lequel un couple simulait sa désintégration, l'histoire se concentre sur les souffrances intra-familiales que subit le brave Luis, mélange de Simon ("Nous irons tous au Paradis") moderne et de Tanguy troisième âge. Mais, là où le brave médecin du film d'Yves Robert n'avait à subir que sa mère volcanique, ce qui n'était déjà pas une sinécure, le "nez" dont il est question ici doit supporter, outre une Geneviève caractérielle, cinq soeurs particulièrement gratinées. Autant dire que les "Réunions du G7" organisées par le clan des "Moules", afin de dicter la conduite du seul représentant Yang du clan, ont de quoi saouler le plus zen des individus. Montage pétillant, dialogues ciselés, rythme allègre, séquences joyeusement inventives, le plaisir est de tous les instants. Mais, grosse cerise sur un gâteau déjà savoureux, apparaît le personnage d'Emma, incarnée avec un naturel et une spontanéité jubilatoires par Charlotte Gainsbourg, qui fait souffler un vent aussi rafraichissant qu'excitant sur l'ensemble. Sa confrontation avec le nounours pusillanime dont Alain Chabat, hyper-expressif, même dans le mutisme, rend à merveille la subtile simplicité, est une réussite totale.  
 
   Une gourmandise inattendue.
   
Bernard Sellier