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Promising Young Woman,
       2020, 
 
de : Emerald  Fennell, 
 
  avec : Carey Mulligan, Adam Brody, Sam Richardson, Bo Burnham, Alison Brie, Clancy Brown, 
 
Musique : Anthony Willis


   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film.
  

   
Cassandra 'Cassie' Thomas (Carey Mulligan) a trente ans, travaille comme serveuse dans le petit café de Gail (Laverne Cox), et habite encore chez ses parents. Mais son occupation préférée n'a rien à voir avec cette façade...
 
   Il ne fait guère de doute, dès les premières scènes, que nous sommes devant un film de vengeance. Une femme blessée, on ne sait pas encore de quelle manière exactement, provoque des situations dans lesquelles la vilénie masculine se manifeste, et met ses potentiels bourreaux devant leur monstruosité. Mais il est tout aussi évident que nous sommes très loin des créations radicales comme peuvent l'être le récent «Revenge» de Coralie Fargeat, ou l'ancien classique «Un justicier dans la ville» de Michael Winner. Le basculement vers certaines scènes tendrait même à faire croire au spectateur qu'il assiste à une comédie. C'est dans cette coexistence de climats totalement opposés que réside l'une des qualités majeures de cette histoire. En quelques secondes, le récit bascule de la bluette romantique au drame intimiste le plus douloureux, quitte une atmosphère légère, avec tenues affriolantes couleur layette, boudoirs du 18ème siècle et musique guillerette en adéquation, pour plonger dans l'évocation glaçante de souvenirs odieux. Même les prises de vues affichent une originalité affirmée, avec le personnage qui parle totalement centré dans le cadre de l'image. La réalisatrice a réussi un coup de maître en transformant de façon radicale l'évocation d'une vengeance réalisée par une personnalité bipolaire, dont les facettes antagonistes sont rendues à la perfection par une Carey Mulligan toute en nuances multiformes.

   L'autre qualité majeure du récit est de ne jamais occulter les difficultés extrêmes rencontrées par les victimes pour obtenir la condamnation des violeurs. Tout comme dans le film de Jonathan Kaplan, «Les accusés», la sombre histoire de Nina Fischer met en lumière le danger des comportements à risque, ainsi que la facilité avec laquelle les avocats peuvent déterrer n'importe quelle information capable de semer le doute dans l'esprit des juges, des jurés, ou, en l'occurrence, de la Doyenne de l'université. Quant au dénouement, lui aussi surprenant dans sa juxtaposition d'un classicisme attendu et d'une issue fatale que l'on n'attendait pas forcément, il laisse au spectateur un sentiment de désespérance et de gâchis funèbre qui marque durablement. 
   
Bernard Sellier