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Pusher,
      1996, 
 
de : Nicolas  Winding Refn, 
 
  avec : Kim Bodnia, Zlatko Buric, Laura Drasbaeck, Mads Mikkelsen, Peter Andersson, Slavko Labovic,  
 
Musique : Povl Kristian, Peter Peter


   
Frank (Kim Bodniak) est un petit dealer danois qui fait souvent équipe avec son pote Tonny (Mads Mikkelsen). Il doit une importante somme d'argent à son fournisseur, Milo (Zlatko Buric). Espérant se refaire grâce à un Suédois qui lui commande de la came, il sollicite à nouveau les services de Milo. Mais la transaction tourne mal et Frank, poursuivi par les flics, est obligé de jeter la drogue... 
 
   Auréolé d'une réputation plus que flatteuse depuis sa réalisation de "Bronson" et surtout du récent "Drive", Nicolas Winding Refn manifestait déjà il y a quinze ans un talent narratif et un génie visuel tout à fait exceptionnels. Suivis le plus souvent caméra à l'épaule, comme si celle-ci épousait l'ombre des protagonistes, ceux-ci entraînent le spectateur dans une course frénétique, désespérée, vers ce qui s'apparente fort à un abîme plutonien, dans lequel l'âme et ses idéaux supérieurs semblent se retirer progressivement de l'être pour ne laisser apparaître que des manoeuvres désordonnées, des instincts brutaux et des intérêts primaires. L'atmosphère installée par le réalisateur saisit le spectateur à bras le corps pour le propulser sans résistance possible au milieu de cette mini descente aux enfers. Il est cependant indispensable d'avoir développé une dose substantielle de compassion intérieure, pour que s'instaure un commencement d'empathie pour ces personnages passablement décervelés, aussi remarquablement incarnés soient-ils par le ténébreux Kim Bodniak et son obsédé de compagnon, Mads Mikkelsen, tatoué jusqu'à la nuque. La forme est emballante, ensorcelante, mais le fond laisse un goût amer de déshumanisation accablante. L'émotion parfois foudroyante qui habite "L'impasse" ou "The Chaser" laisse ici place à un constat événementiel froid et désespérément morbide.
   
Bernard Sellier