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Reservation road,
         2007, 
 
de : Terry  George, 
 
  avec : Joaquin Phoenix, Mark Ruffalo, Jennifer Connelly, Elle Fanning, Mira Sorvino, Eddie Alderson, Antoni Corone, 
 
Musique : Mark Isham

  
   
Ethan Learner (Joaquin Phoenix) revient avec sa femme Grace (Jennifer Connelly) et sa fille Emma (Elle Fanning) d'une soirée au cours de laquelle leur jeune fils Josh (Sean Curley) a joué du violoncelle avec ses camarades. Non loin de là, Dwight Arno (Mark Ruffalo) vient d'assister avec son fils Lucas (Eddie Alderson) à un match de base ball. Pressé par son ex-épouse, Ruth (Mira Sorvino) de ramener l'enfant au plus vite, il prend des risques. Dans un virage, son véhicule se déporte et il heurte Josh, qui s'était un instant éloigné de la voiture de ses parents. Affolé, Dwight ne s'arrête pas... 
 
   "La dernière marche", "Crossing Guard", "In the bedroom"... Autant de films dont le moins que l'on puisse dire est que le sujet qu'ils abordent est casse-gueule ! Il est bien difficile d'évoquer la douleur tout en ne versant pas dans le mélodramatique racoleur. Mais lorsque l'équilibre est préservé, l'impact émotionnel touche au plus profond du coeur tout être humain, surtout lorsqu'il est parent. Bien sûr, le drame présent ne fait pas l'impasse sur la souffrance des personnages. Comment le pourrait-il, d'ailleurs, à moins d'éluder volontairement l'évidence de l'insupportable ? Mais il le fait une justesse et une dignité constantes. S'il y a, en théorie, d'un côté le salaud, et de l'autre la victime brisée, dans la réalité n'apparaissent que des individualités anéanties par deux désespoirs aux causes différentes, mais aux manifestations similaires. Si l'on parvient à regarder chaque scène avec la compassion d'un observateur non impliqué, on se rendra compte qu'il n'en est pas une qui ne respire l'émotion authentique. Pas une qui dévie de la ligne maîtrisée d'un récit collant au plus près d'une réalité presque documentaire. Cette fraction de seconde où l'univers de deux familles bascule dans l'horreur, cette éternité insupportable de vide ou de désespoir qui la suit, peuplée de panique, de culpabilisations, de questionnements, d'agressivité, cette fuite de chaque être dans une quête susceptible de combler l'abîme et de cautériser les plaies, cette recentration des priorités vivancielles, tout cela est rendu avec une intensité et une authenticité confondantes par un scénario remarquablement construit, et bien sûr grâce à l'incarnation profondément humaine que Joaquin Phoenix et Mark Ruffalo donnent de leurs personnages.  
 
   Une oeuvre qui ne cherche en rien l'originalité ou la nouveauté, mais offre simplement un regard poignant, sincère, authentique et humain sur une tragédie bouleversante. Il est incompréhensible que le film n'ait apparemment pas trouvé de distribution en France !
   
Bernard Sellier