Sexy Beast, film de Jonathan Glazer, commentaire

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Sexy beast,
       2000, 
 
de : Jonathan  Glazer, 
 
  avec : Ben Kingsley, Ray Winstone, Ian McShane, Amanda Redman, Julianne White, James Fox, Gérard Barray,
 
Musique : Roque Baños

   
   
Gary 'Gal' Dove (Ray Winstone), un ancien truand, coule des jours paisibles dans une hacienda espagnole, en compagnie de Deedee (Amanda Redman). Son ami Aitch (Cavan Kendall) lui annonce un jour que Don Logan (Ben Kinsgsley) va débarquer avec la ferme intention que Gal accepte une dernière mission, montée en Angleterre par Teddy Bass (Ian McShane). Gal est bien décidé à refuser, mais ce n'est pas chose facile, lorsqu'on se trouve en face du surexcité Don !.. 
 
   Nouveau venu dans le domaine de la réalisation, Jonathan Glazer nous a donné récemment une variation étrange, mais bien glacée, "Birth", sur le thème de la manipulation. Ce premier film, quatre ans avant, explore lui aussi, d'une certaine manière, le même terrain, mais sur un fond totalement différent. A l'ouverture, la caméra se promène sur un mâle bronzant au soleil du sud, genre Aldo Maccione, la démarche chaloupée en moins. Puis un énorme rocher se détache de la colline, manque écrabouiller le malheureux et atterrit dans la piscine. On se dit que l'on va avoir affaire à une grosse farce. "Monumentale erreur", comme le proclame si bien Jack Slater dans "Last action hero". Alors survient Don, espèce de boule de nerfs branchée sur un courant de deux cents mille volts, sec comme dix coups de trique, au débit verbal monté sur ressorts, venu obliger son hôte forcé à accepter le "coup du siècle". A cet instant, on sent que la narration va bifurquer rapidement vers un énième casse théâtral, et que les quinze minutes d'ouverture n'étaient là que comme mise en bouche obligée. Pas du tout ! Le réalisateur prend tout son temps pour détailler son cas pathologique sévère, que Ben Kingsley déroule et amplifie à merveille. Enfin, contre toute attente, Gal accepte l'offre et se retrouve à Londres. Cinquante cinq minutes de film ont passé. Cette fois-ci, nous sommes bons pour le hold-up hyper-sophistiqué, avec cellules photo-électriques dans tous les recoins, faisceaux laser balayant tout l'espace, détecteurs de mouvement... Genre "Mission impossible"... Nouvelle fausse piste !  
 
   Jonathan Glazer se fait un malin plaisir, tout au long de cette première oeuvre, de prendre le contrepied systématique de tout ce à quoi le spectateur s'attend. Il le fait avec un brio certain, un montage vif, une caméra virevoltante. C'est constamment surprenant, ludique, désarmant, souvent jouissif, parfois vaguement émouvant, voire, accidentellement, poétique. L'atmosphère et le processus narratifs sont originaux, étranges. Mais, tout de même, à l'extrême fin, une certaine vacuité enveloppe l'ensemble et l'on se demande si le désir de singularité et de non-conformisme de l'auteur, ne l'emporte pas sur la spontanéité affichée... 
 
   Néanmoins très divertissant !
   
Bernard Sellier