Signes, film de M.Night Shyamalan, commentaire

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Signes,
     (Signs),      2002, 
 
de : M. Night  Shyamalan, 
 
  avec : Mel Gibson, Joaquin Phoenix, Rory Culkin, Abigail Breslin, Patricia Kalember, 
 
Musique : James Newton Howard

   
 
"Sixième sens" a été, à juste titre, une révélation grâce à l'habileté de sa construction, toujours croissante jusqu'à l'explosion finale. Tout au moins, est-ce ainsi ce que j'ai ressenti lorsque je l'ai vu pour la première fois (et unique, pour l'instant). Après la vision de "Incassable" (grosse déception !) et de "Signes", je me demande réellement si l'impression très positive de "Sixième sens" supportera aussi positivement un second regard. D'autant plus que le handicap majeur des films qui reposent essentiellement sur la chute finale est, bien évidemment, de voir disparaître, à la deuxième vision, le mystère qui planait sur l'ensemble de la narration, et la soutenait de son auréole d'angoisse. 
 
 "Signes" démarre sur les chapeaux de roue ! Au bout de quelques minutes, nous savons que deux insondables secrets sont installés : le premier dans le champ de maïs de Mel Gibson, le second dans le tréfonds de son être, depuis que sa femme a été tuée dans un accident, quelques années plus tôt. Pasteur de son état premier, il est devenu cultivateur abandonné par la foi. 
 
 Passé cette exposition théoriquement génératrice de conséquences lourdes et aptes à faire grimper le taux d'adrénaline des spectateurs, le récit s'engage suivant un cheminement "plan-plan" pas vraiment ennuyeux, mais pas vraiment inspiré non plus. On retrouve la "flic" enquêtrice sceptique et banale, les habituelles impulsions tensionnelles avec bruits divers et montées d'angoisse, de classiques insertions de flash-back progressifs sur l'accident de l'épouse. Et l'on devine que dans cette découverte pas à pas des derniers instants de la malheureuse femme, se cache une clé monumentale, qui va nous être assénée juste avant que le générique n'apparaisse ! 
 
 Lorsqu'elle arrive enfin, cette clé, une sensation douloureuse s'impose : la montagne du commencement a vraiment accouché d'une souris ! C'est d'ailleurs l'impression que m'avait donné le final de "Incassable". Tout comme ici, un montage habile et d'apparence subtilement mystique, qui débouche sur une relation osmotique des mondes terrestre et invisible passablement ridicule. Autant la découverte finale du psychiatre Bruce Willis était un aboutissement apocalyptique et une apothéose inattendue, autant la conclusion de "Signes" avec son coup de batte de base ball est passablement affligeante. 
 
 Mel Gibson est l'un des acteurs que je préfère. Sa composition de flic dépressif de "l'Arme fatale 1" est, pour moi, criante de vérité, même si elle peut paraître excessive à certains. Son incarnation de "Braveheart" est bouleversante. Ici, il exécute correctement, comme toujours, ce qui lui est demandé. Mais, malheureusement, il lui est assez peu demandé. Joaquin Phoenix, dans le rôle de son frère, est excellent, mais bien loin du rôle magistral de l'empereur Commode dans le "Gladiator" de Ridley Scott. 
 
 Le mystère des "Crop circles" est passionnant. Vous trouverez d'ailleurs ici le lien avec un site qui propose les photos des centaines de figures apparues dans le monde. L'intensité de la déception à la sortie de ce film est proportionnelle à l'attente que suscitait le sujet choisi par M. Night Shyamalan. Un traitement convenable, certes, mais bien pauvre en comparaison de ce que l'esprit, toujours avide de "plus", imaginait !
   
Bernard Sellier