Taxidermie, film de György Pálfi, commentaire

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Taxidermie,
     (Taxidermia),    2003, 
 
de : György  Palfi, 
 
  avec : Gergely Trócsányi, Csaba Czene, Marc Bischoff, Gábor Máté,
 
Musique : Amon Tobin

 
   
Kálmán Balatony (Gergely Trócsányi), Hongrois, est une force de la nature et son but dans la vie est de décrocher une sélection pour concourir avec les meilleurs bâfreurs du monde. Son père était un militaire obsédé par la sexualité . Son fils, Lajoska (Marc Bishoff), aussi gringalet que son père est obèse, deviendra taxidermiste., et obsédé par l'immortalité... 
 
   Attribuer une note "moyenne" de 4 étoiles à une oeuvre semblable paraît une aberration ! Ce devrait être un 6 étoiles pour le spectateur admiratif et subjugué par une histoire totalement hors normes, habitée de personnages aux pulsions et aux appétits extrêmes, racontée avec une crudité et une franchise rares dans le cinéma traditionnel. Ce pourrait tout aussi bien être un 1 étoile, pour le spectateur submergé et radicalement écoeuré par cette descente dans les bas-fonds de la nature humaine, où n'ont droit de cité que laideur, connerie monumentale, monomanies pétrifiantes, et où la dénesure règne d'un pouvoir absolu. Lorsque l'extrémisme visite les parcours vitaux de personnalités hors du commun ("Crash", de David Cronenberg, par exemple, "Trouble every day", ou encore "O Fantasma"), il est parfois bien difficile de s'intéresser aux délires maniaques qui occupent la totalité des pensées et des actions des protagonistes, mais sont tout de même assez éloignés des celles du spectateur lambda assis au coin de son feu. Paradoxalement, une étrange fascination se dégage du film de György Palfi, au point que sont attendues avec une curiosité excitée, troublée (et malsaine ?), les descentes aux enfers des trois membres de cette famille déliquescente. Il est tout de même permis de se poser des questions sur l'attirance immodérée du créateur pour la portion la plus primaire, nauséabonde et sordide de l'être humain. A ce titre des séquences comme le concours de goinfrerie, enflammé par les encouragements extravagants de communistes abrutis, et suivi de séances longuement développées, non moins stupéfiantes, au cours desquelles les participants dégueulent toute la boustifaille engloutie, ou encore la déchéance de Kalmar, devenu une sorte de Jabba le Hutt effrayant, sont des morceaux d'anthologie à marquer d'une pierre... noire, qui s'imprègnent de manière indélébile dans la mémoire du cinéphile. L'homme est assimilé à un animal (et pas seulement symboliquement, il suffit de voir la naissance de Kalmar !), mais il est évident qu'aucun animal terrestre ne contrecarrera ses instincts au point de se métamorphoser en un monstre, ce que devient le sus nommé...
   
Bernard Sellier