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Le tigre du Bengale,
    (Der Tiger von Eschnapur),   1959, 
 
de : Fritz  Lang, 
 
  avec : Debra Paget, Paul Hubschmid, René Deltgen, Walter Reyer,
 
Musique : Michel Michelet

  
   
Le Monarque Chandra (Walter Reyer) est veuf. Devenu follement amoureux d'une danseuse sacrée, Seetha (Debra Paget), il la fait venir à son magnifique palais d'Eschnapur. Pendant le voyage, le convoi est attaqué par un redoutable tigre. Elle ne doit son salut qu'au courage de l'architecte français Henri Mercier (Paul Hubschmid), qui se rend également auprès du Maharadjah. La jeune femme s'éprend de son sauveur. Pour compliquer encore la situation, le Prince Ramigani, frère de Chandra, (René Deltgen) et le Prince Padhu (Jochen Brockmann) s'inquiètent des attirances occidentales de leur monarque et de sa trahison envers la Maharani défunte, soeur de Padhu... 
 
   Bien loin des décors futuristes de "Métropolis", c'est au coeur des sublimes palais du Radjasthan que Fritz Lang filme cette aventure exotico-érotique (enfin de l'érotisme de 1958 !), agréablement distrayante et suffisamment mouvementée pour maintenir en éveil le spectateur de 2003, habitué aux morceaux de bravoure plus abracadabrants les uns que les autres. Oh, bien sûr, les découvertes de Mercier dans les souterrains du palais paraissent bien fades en comparaison de celles d'Indiana Jones dans le Temple Maudit. Le carton-pâte des rochers est quelquefois un peu voyant. Certes la romance que roucoule Seetha (en français !) prête à sourire ! Assurément Paul Hubschmid est loin d'avoir la prestance ou l'éclat de Robert Taylor ou d'Errol Flynn et paraît même assez falot à côté de Chandra. Malgré tout, il est bon de se plonger dans ces décors naturels du Radjasthan, de vibrer à une histoire d'amour simplement éternelle, bref de quitter pour deux heures les artifices de "Matrix" ou les cascades débilissimes de certains films qui n'ont rien d'autre à offrir. Il faut admettre que certaines scènes : l'arrivée de Chandra au Temple, la danse de Seetha, ne manquent ni de grandeur, ni de poésie. Et puis, si le commencement de l'histoire s'apparente à un téléfilm, une certaine progression de l'intensité dramatique s'installe peu à peu, permettant à l'oeuvre de s'extirper de la banalité qui la menaçait. 
 
   La scène finale (enfin provisoirement finale, puisque l'aventure se poursuit dans "Le tombeau hindou") rappelle, avec une intensité bien amoindrie, celle, ô combien poignante qui clôt le superbe "Duel au soleil" de King Vidor, tourné en 1946. 
 
   Bien évidemment, de Fritz Lang, on aurait pu attendre davantage... 
 
   Il faut préciser que le doublage français n'est pas des plus... réussis !
   
Bernard Sellier