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Touch,
     Saison 1,      2012 
 
de : Tim  Kring..., 
 
avec : Kiefer Sutherland, David Mazouz, Gugu Mbatha-Raw, Lukas Haas, Greg Ellis, Maria Bello, Danny Glover,
 
Musique : Lisa Coleman, Wendy Melvoin


   
Saison 2

   
Martin Bohm (Kiefer Sutherland) a perdu sa femme Sara lors des attentats du 11 septembre. Sa vie est difficile professionnellement, mais surtout en raison de l'autisme de son fils Jake (David Mazouz). Le garçonnet effectue des fugues fréquentes, au point que le services sociaux délèguent une de leurs employées, Clea Hopkins (Gugu Mbatha-Raw) afin de convaincre le père de placer l'enfant dans un institut spécialisé... 
 
   Tim Kring avait créé en 2006 la série "Heroes", et on retrouve immédiatement ici la même conception fondamentale, à savoir une mosaïque de personnalités situées dans toutes les contrées du monde, et, a priori, sans lien entre elles. Puis, progressivement, au cours de chaque épisode, le puzzle prend forme et ces individualités que l'on pensait indépendantes les unes des autres, se retrouvent finalement liées par un fil karmique invisible. Que le jeune Jack est pratiquement l'un des seuls à sentir. Car la différence fondamentale avec la série antérieure est qu'ici tous les intervenants sont des personnalités on ne peut plus ordinaires. Mais, par la puissance de synchronicités qui auraient peut-être fait le bonheur de Carl Gustav Jung, un enfilement de minuscules incidents, de rencontres fortuites, de gestes insignifiants, va donner forme à la finalisation d'un événement hautement signifiant pour les acteurs de chaque saynète. 
 
   C'est également à "Person of interest" que font penser ces mini drames ou bonheurs, les numéros donnés par 'la machine' dans la série de Jonathan Nolan étant remplacés ici par les informations chiffrées ou visuelles que distille au compte goutte le jeune garçon. L'intérêt fondamental de cette série est que le concept est bâti sur le fait que le monde cherche par tous les moyens à générer un rééquilibre lorsqu'une perturbation se manifeste, celle-ci étant ressentie par Jack comme une souffrance à éliminer. Et, dans cette optique, les blogs et médias modernes ( les deux charmantes et inénarrables japonaises qui parcourent le monde au fil de leurs captations vidéo ), sont des moteurs utilisés positivement, souvent à l'insu de leurs propriétaires. 
 
   La conséquence première est que l'émotion et le coeur sont sollicités en permanence, de manière excessive diront peut-être certains esprits cartésiens. Mais il est tellement rare qu'une série affiche pour finalité le bonheur humain, installe avec autant de ténacité sur la plus haute marche du podium l'harmonie et l'amour entre les êtres, et surtout avec une telle originalité ( le jeune héros est totalement muet ! ), qu'il est impossible de ne pas adhérer à cette suite d'histoires gorgées de fraternité, de sensibilité et d'humanité. Quant au personnage de Martin, il est l'incarnation parfaite de l'être qui apprend à se laisser porter par l'inspiration et la compréhension des signes placés sur sa route par le 'destin'. 
 
   C'est intelligent, émouvant, souvent étonnant, toujours captivant. Une illustration visuelle magique du superbe passage poétique écrit par Satprem dans son roman 'Par le corps de la terre' : 
 
   « Qu’est-ce qui réunissait nos trois vies, quelle histoire ? Oh ! J’ai cherché des miracles, et maintenant que je n’en cherche plus, il me semble en voir partout. Ils disent « le hasard », mais quoi ? Le plus petit de ces hasards brille comme une étoile dans la grande forêt du monde ; et, parfois, il me semble qu’un geste fortuit, une petite seconde d’inattention, un sautillement à droite plutôt qu’à gauche, une plume d’oiseau, un rien qui souffle, contient un monde de préméditation vertigineux - et peut-être... Peut-être ne voyons-nous pas tout ce qui relie ces moments, l’invisible fil qui s’enfonce à travers les siècles et rattache cette seconde éblouie, cette soudaine croisée des chemins, cette graine qui vole, à une autre histoire inachevée, une ancienne promesse non tenue, une colline oubliée, une fontaine d’autrefois où deux êtres s’étaient souri en passant. Où est le commencement de l’histoire ?... 
 
   ...Quelquefois, je crois qu’il y a plus de mystère dans un rien qu’on heurte par hasard, que dans toutes les infinitudes du ciel, et que la clef du monde n’est pas dans l’infiniment grand, mais dans un minuscule clin d’œil surpris au piège... »

   
Bernard Sellier