Vertige, film de Abel Ferry, commentaire

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Vertige,
       2009, 
 
de : Abel  Ferry, 
 
  avec : Fanny Valette, Johan Libéreau, Raphaël Lenglet, Nicolas Giraud, Maud Wyler,
 
Musique : Jean-Pierre Taieb

  
   
Cinq jeunes Français entreprennent une randonnée dans une via ferrata de Croatie. Fred (Nicolas Giraud) et son amie Karine (Maud Wyler) sont les meneurs du groupe. La jeune Chloé (Fanny Valette), en compagnie de son nouveau copain, Loïc (Johan Libéreau), est assez désagréablement surprise de voir dans le groupe son ancien compagnon, Guillaume (Raphaël Lenglet). Mais la tension psychologique cède vite la place aux embûches physiques de l'escalade qui se révèle de plus en plus périlleuse... 
 
   Toute la première partie de l'aventure semble préparer le spectateur à un règlement de compte interne ou tout au moins à une épreuve initiatique au sortir de laquelle les personnalités relativement caricaturales du départ afficheraient leurs qualités humaines authentiques . Le tout dans un décor aussi superbe qu'impressionnant, à l'instar de "Randonnée pour un tueur" ou de "Cliffhanger". La caméra, aidée par l'implication physique des acteurs (il paraît que très peu de trucages ont été utilisés), réussit à donner une troublante sensation de vertige et un sentiment de panique, qui sont d'un excellent augure pour une suite que l'on espère plus spectaculaire encore. Mais, à mi-chemin, après avoir caché son jeu avec soin, le scénario bifurque brutalement dans le domaine balisé du gore, avec son indigène obligé, grand amateur de chair fraiche devant l'Eternel. C'est alors un revirement complet qui s'opère, peuplé de cris, de poursuites nocturnes (assez habilement filmées), de luttes sauvages. Bref, de toute la panoplie qui se renouvelle à chaque fois que de jeunes godelureaux s'aventurent sur les terres des demeurés de tous poils ("Détour mortel", "Wolf creek", "Calvaire"...). Cette cassure laisse perplexe. Car les personnages, plus que falots à l'origine, mais dont on espérait voir approfondir les composantes psychologiques, se voient réduits à l'état de proies basiques. Quant aux péripéties dramatiques, elles n'apportent rien de nouveau par rapport aux centaines qui les ont précédées dans les classiques du genre. 
 
   Une juxtaposition des thèmes qui est négociée avec une brutalité contestable. Il n'en demeure pas moins que l'ensemble recèle des qualités cinématographiques indéniables.
   
Bernard Sellier