Welcome, film de Philippe Lioret, commentaire

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Welcome,
         2009, 
 
de : Philippe  Lioret, 
 
  avec : Vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey Dana, Derya Ayverdi, Thierry Godard, Olivier Rabourdin,
 
Musique : Nicola Piovani


   
Le jeune Bilal (Firat Ayverdi), âgé de 17 ans, arrive à Calais en provenance du Kurdistan. Son unique but est de gagner Londres, où il souhaite retrouver Mina (Derya Ayverdi), dont il est follement amoureux. Il tente de passer avec quelques Irakiens dans un semi-remorque, mais la police des frontières les débusque. Laissé en liberté pour cause de minorité, il fait la connaissance d'un maître-nageur, Simon (Vincent Lindon), et persuade celui-ci de lui donner des leçons de crawl. Bilal envisage en effet de traverser la Manche à la nage ! Simon, sur le point de divorcer d'avec Marion (Audrey Dana), qui lui reproche son manque d'engagement humanitaire, décide d'héberger pour quelques jours le jeune Irakien... 
 
   Jusque là plutôt inspiré par les études psychologiques individuelles ("Mademoiselle", "L'équipier", "Je vais bien, ne t'en fais pas"), Philippe Lioret insère ici le drame personnel (très classique !) vécu par Simon, dans un contexte social particulièrement d'actualité, en l'occurrence le traitement que les gouvernements réservent aux immigrants clandestins. Il est évident que le problème n'est pas simple. Accueillir ceux qui fuient la guerre ou la famine est impossible puisque les pays européens ne parviennent déjà pas à gérer leurs millions de chômeurs et de pauvres, et qu'une semblable attitude décuplerait les filières des pourvoyeurs criminels. A l'opposé, parquer les malheureux comme des animaux et les renvoyer dans la galère qu'ils ont fuie est manifestement un geste totalement inhumain. Même si le sepctateur sent facilement de quel côté penche le coeur de Philippe Lioret, le but du réalisateur n'est pas de prendre un parti tranché, de soulever une polémique stérile, mais d'afficher simplement sous nos yeux les tragédies intimes qui se développent quotidiennement. Avec une pudeur, une simplicité, une justesse exemplaires. Il n'est d'ailleurs nul besoin de renchérir sur le pathétique ou le larmoyant, tant les fondements humains des divers pans de l'histoire sont amplement suffisants pour tordre le coeur et faire naître les émotions au sens noble du terme. Si le drame vécu par Simon n'a, hélas, rien d'original, son évolution psychologique est conduite avec une sincérité et une authenticité sans failles, d'autant plus que Vincent Lindon, introverti, tendu, brisé intérieurement, se montre crédible de bout en bout. Quant à celui vécu, à distance, par le jeune Bilal, prêt à affronter l'impossible pour rejoindre celle qu'il aime, et par la fragile Mina, il révulse autant qu'il bouleverse. 
 
   Une réussite magistrale qui confirme, s'il en était encore besoin, les qualités narratives, et surtout humanistes, de Philippe Lioret !
   
Bernard Sellier