Big sky, Saison 1, série de David E. Kelley..., commentaire

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Big sky,
       Saison 1,      2020,  
 
de : David E.  Kelley..., 
 
  avec : Ryan Phillippe, Katheryn Winnick, Kylie Bunbury, Brian Geraghty, Dedee Pfeiffer, John Carroll Lynch,
 
Musique : Trevor Morris


 
Saison 2

 
Ne pas lire avantd'avoir vu la série

 
Deux jeunes filles, Grace Sullivan (Jade Pettyjohn) et sa soeur Danielle (Natalie Alyn Lind), sont kidnappées par un chauffeur routier, Ronald Pergman (Brian Geraghty), alors qu'elles se rendaient chez leur ami Justin Hoyt (Gage Marsh). Inquiet de ne pas les voir arriver, celui-ci prévient son père, Cody (Ryan Phillippe), ancien flic devenu détective privé. Un contact est établi avec un state trooper local, Rick Legarski (John Carroll Lynch)...
 
 Dès les premières scènes, l'histoire affiche un traitement assez original. Si le thème du tueur en série ne l'est guère a priori, il est déjà assez culotté de présenter le criminel d'emblée. Le ton lui-même est sensiblement décalé, avec, par exemple, un flic qui émet des considérations philosophiques lors de ses interventions. Mais tout cela n'est rien à côté de la déflagration majeure soudaine qui clôt le premier épisode et qu'il était absolument impossible de voir venir. Dès lors il semble évident que les scénaristes (au nombre de 7, tout de même, rien que pour la première saison !), ont quelque chose d'insolite à nous raconter. Il faut préciser que David E. Kelley, créateur de réussites telles «The undoing» ou «Big little lies», n'est pas un novice. Le développement du drame, et surtout la caractérisation de certains personnages fait plus d'une fois penser au «Fargo» des frères Coen. Le pervers Ronald, lointain cousin quarantenaire du Norman Bates de «Psychose», fait danser les vieilles dames dans les soirées de bienfaisance, reçoit de sa mère (complètement perchée) le conseil d'aller se masturber pour se calmer, et dort dans le lit de celle-ci lorsque l'insomnie le gagne. Merilee (Brooke Smith), l'épouse du state trooper, survit en créant des lainages pour oublier qu'il ne la touche plus depuis des années, et va provoque l'un des tsunamis dramatiques les plus crédibles de toute la série... Rick lui-même est un personnage haut en couleurs, adepte d'Emmanuel Kant, passant de la bonhomie à la fureur et se lamentant sur le fait que l'Amérique a perdu son éclat d'antan. Quant à l'avocate Penelope Denesuk (Karin Konoval), c'est un véritable dragon cracheur de venin. Tout cela associé à une intrigue particulièrement stressante, fait que l'intérêt du spectateur ne faiblit pas une seconde. D'autant plus que nous ne sommes guère habitués à voir les investigations menées par deux jeunes femmes aussi charmantes que déterminées. Cerise sur le gâteau, la méga surprise du premier épisode fait l'on se demande à chaque instant quelle claque inattendue va être assénée, chaque nouvelle scène étant susceptible de voir disparaître un(e) intervenant(e) majeur(e), ce qui ne manque pas de générer une tension permanente et un suspense haletant.

 À partir de l'épisode 10, le récit change d'orientation pour se consacrer, - en parallèle de la quête d'un Ronald évaporé mais capable de rebondir dans sa vie d'une manière étonnante (sacrée Scarlet Leyendecker (Sanja Savcic) !-, à une famille de frappadingues très gratinés, les Kleinsasser, dirigés d'une main de fer par le vieux et malade Horst (Ted Levine). Le début de cette nouvelle intrigue paraît quelque peu artificiel, mais, très rapidement, malgré quelques longueurs et répétitivités, le scénario parvient à rendre assez intrigante et captivante cette plongée dans un microcosme où femmes (Margaret (Michelle Forbes), la mère et Cheyenne (Britt Robertson), la fille) et hommes rivalisent de machiavélisme pour survivre. 

 Le genre de série qui ne peut laisser indifférent, tant ses choix narratifs frappent le spectateur par leur radicalisme. Il est un peu regrettable que la caricature et la recherche de l'épate l'emportent assez fréquemment sur le réalisme et l'authenticité. Il n'empêche que nous avons là une multitude de personnalités que l'on n'oublie pas facilement.

  Bernard Sellier