La casa de Papel, Saison 4, série de Alex Rodrigo, commentaire

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La casa de papel,
    Saison 4,      2020 
 
de : Álex  Pina, Alex  Rodrigo..., 
 
avec : Paco Tous, Maria Pedraza, Darko Peric, Alvaro Morte, Ursula Corbero, Alba Flores, Pedro Alonso, Miguel Herran, Esther Acebo, Enrique Arce,
 
Musique : Ivan Martinez Lacamara, Manel Santisteban


 
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Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 Raquel Murillo (Itziar Ituño), la compagne du "Professeur" (Alvaro Morte), a été arrêtée, mais celui-ci la croit morte. Il parvient à échapper aux recherches, mais la situation des braqueurs à l'intérieur de la banque est préoccupante. Nairobi (Alba Flores) a reçu une balle et doit être opérée. Tokyo se lance dans la périlleuse entreprise... 
 
 La saison 3 avait abandonné le spectateur au moment de l'ouverture d'une véritable guerre entre la police et les braqueurs qui avaient stoppé l'arrivée d'un blindé à coups de roquettes. Fait étrange, alors que l'on attendait dans ce premier épisode une intensité, voire une frénésie en adéquation avec ce qui précédait, le récit prend en fait son temps, se permettant même des digressions et des scènes de remplissage (le mariage italien), qui ralentissent le rythme et dont la nécessité échappe.

 La série a toujours développé la psychologie de ses personnages, ce qui est louable. Mais ici cette investigation des états d'âmes perturbés enfle dans de telles proportions que l'overdose n'est pas loin. A force de vouloir empiler les pathologies dans chaque protagoniste, le récit métamorphose les brillants braqueurs en paumés qui passent leur temps à s'agresser mutuellement et pètent les plombs les uns après les autres. Le casse en lui-même passe totalement au second plan. 
 
 Conscients qu'il est difficile de circonscrire quatre saisons dans un lieu unique sans engendrer une inévitable monotonie, les scénaristes ont développé de plus en plus les flashback explicatifs. Mais ceux-ci sont parfois longuets, d'une justification aléatoire, et leur insistance se fait ponctuellement pesante. En fait, cet état des lieux était présent dans les saisons précédentes. Mais l'artificialité était alors balayée par une inventivité événementielle constante ainsi que par un suspense intense et une maîtrise dramatique qui emportaient tout sur leur passage. Dans cette quatrième saison les parlotes deviennent interminables et menacent d'user la patience du spectateur, d'autant plus que les rivalités et luttes intestines semblent tourner en rond. Il faut attendre la fin du sixième épisode pour que réapparaisse la flamme et la passion qui incendiaient les deux premières saisons. Le dernier plan inverse la situation de fin de la troisième saison, ce qui augure d'une suite qui, on peut le craindre, tricotera des situations clonées jusqu'à plus soif. 
 
 Soyons clairs : cette série demeure d'une qualité visuelle et narrative d'un niveau inaccessible à l'immense majorité de ses consoeurs. Mais il est regrettable que l'inventivité débridée, le charme vénéneux, le timing implacable, qui portaient les premières saisons au pinacle, soient progressivement passés dans le filtre de la fabrication artificielle à la chaîne. Ce qui reste incontestable et immuable, c'est la création d'une galerie de personnages tout bonnement inoubliables, comme aucune série n'en a jamais offert... Avec une pensée émue pour la fascinante Nairobi...

   
Bernard Sellier