Edmond Dantès (Gérard Depardieu) est sur le point d'épouser la belle Mercedes (Ornella Muti). Mais un jaloux le dénonce pour appartenance bonapartiste. Il est convoqué par le substitut du procureur du roi, Villefort (Pierre Arditi), et se retrouve enfermé au château d'If...
Pour la première fois en vingt ans, le commentaire de cette mini-série sera fait sans l'avoir visionnée. Ou, plus exactement, après en avoir seulement regardé les quinze ou vingt premières minutes. Oui, j'en suis conscient, c'est difficilement inadmissible ! Mais j'ai la chance de n'avoir de comptes à rendre à personne et mon excuse est d'être amoureux de ce roman de Dumas aussi riche sur le plan événementiel que captivant dans son analyse psychologique des personnages.
Pourquoi cette situation ? Tout d'abord, le fait de voir Depardieu choisi pour incarner Edmond Dantès, manifestement pour attirer le public avec un acteur célèbre, était une pilule très difficile à avaler. Il est, à mes yeux, le contraire même du héros de Dumas, élégant, fin, racé. Bien que l'acteur me paraisse taillé pour les rôles comiques ( « La chèvre », « Les compères »...), et moins convaincant dans les rôles dramatiques, il était cependant remarquable dans le « Cyrano de Bergerac » de Jean-Paul Rappeneau, sans doute parce que ce personnage était un mélange quasi parfait de truculence, d'ironie et de souffrance intérieure. Je m'étais donc résolu à regarder ce « Comte de Monte-Cristo » en faisant taire mes a-priori négatifs.
Mais l'insupportable est arrivé avec la première confrontation de Dantès et du procureur. L'énorme, incompréhensible et totalement contre-productive trahison de cette scène cruciale a eu raison de ma tolérance. J'ai jeté l'éponge et les quelques échos reçus par la suite sur le contenu de cette adaptation-trahison m'ont conforté dans ma décision. Certes, la note peut paraître sévère, car il ne fait guère de doute que nous sommes ici à un niveau nettement moins catastrophique que le navet de Kevin Reynolds « La vengeance de Monte-Cristo ». Mais l'amour d'une œuvre est parfois génératrice d'injustice. Je l'assume...