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Flight plan,
      2005, 
 
de : Robert  Schwentke, 
 
  avec : Jodie Foster, Sean Bean, Peter Sarsgaard, Kate Beahan, Marlene Lawston, Greta Scacchi, John Benjamin Hickey,
 
Musique : James Horner

   
   
Kyle Pratt (Jodie Foster) habite Berlin. Son mari, David (John Benjamin Hickey) vient de mourir d'un accident. Elle prend, avec sa fille Julia (Marlene Lawston) et le cercueil, un vol transatlantique vers les Etats-Unis. Lorsqu'elle se réveille, après avoir dormi quelques heures, elle s'aperçoit avec horreur que sa fille n'est plus allongée à son côté dans l'avion. Elle interroge les voisins, l'équipage, mais personne, appremment, n'a vu la fillette. Plus inquiétant encore, celle-ci n'apparaît pas sur la liste des passagers ! Touché par l'angoisse de la jeune femme, le commandant de bord, Rich (Sean Bean), demande cependant à son personnel de fouiller l'appareil... 
 
   Si l'on excepte "Un long dimanche de fiançailles", dans lequel son rôle était, hélas, plus que rachitique, la dernière apparition de Jodie Foster remonte à l'excellent "Panic room", dont l'intrigue était déjà circonscrite dans un lieu clos. Le choix d'un avion, ici un appareil dernier cri n'ayant pas encore d'existence réelle, a déjà donné lieu à certaines réussites haletantes : "Ultime décision", mais parfois à la limite du digérable : "Air Force One". Le premier atout du film de Robert Schwentke est bien sûr la présence, toujours intense et magnétique, de Jodie Foster. Elle se montre aussi poignante que crédible en épouse traumatisée et en mère désespérée. Le second atout tient au scénario lui-même, poutre maîtresse, dont la solidité et le brillant conditionnent le degré d'envoûtement que l'ensemble de l'édifice génèrera sur le spectateur. Les scénaristes ont eu l'excellente idée de disséminer quelques éléments visuels troublants dès l'ouverture de l'histoire, et, par voie de conséquence, de diluer les hypothèses plausibles durant les deux tiers de la narration. Au lieu de foncer tête baissée, façon taureau, dans le polar haute tension pur et dur, le drame visite toutes les possibilités interprétatives du vécu de Kyle, sans, pour autant, négliger suspense et angoisse, bien au contraire. C'est donc à une efficace association psychologie-thriller que nous assistons, avec, il faut le dire, une nette préférence pour la première partie. Non que le choix de la "solution" retenue soit inadéquat. Dans ce type de mystère, les options explicatives font assez rarement l'unanimité ("Mémoire effacée", "Birth", "Le Village"), et leur effet premier est hélas, souvent, de provoquer le dégonflement d'un soufflé méticuleusement travaillé. Tant il est vrai que, si l'absence de compréhension est frustrante, voire irritante (cf. "2001, odyssée de l'espace"), le déchirement du voile se révèle un exercice tout aussi périlleux. D'autant plus que la clé apparaît, dans le cas présent, pour le moins tordue. Les commentaires des protagonistes saluant le dénouement ne sont pas non plus d'une finesse extrême et le spectateur a peu l'impression que l'avion vole durant toute cette tragédie. Mais sans doute est-ce la perfection technique des super-transporteurs du futur, qui donne cette illusion...  
 
Pour Jodie Foster et les deux premiers tiers du film, captivants et tendus.
   
Bernard Sellier