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Fréquence interdite,
      (Frequency),       2000, 
 
de : Gregory  Hoblit, 
 
  avec : Dennis Quaid, Jim Caviezel, Andre Braugher, Noah Emmerich, Elizabeth Mitchell, Shawn Doyle,
 
Musique : Michael Kamen

   
   
Octobre 1969. Frank Sullivan (Dennis Quaid) est un valeureux sapeur pompier de New-York. Marié à la belle Julia 'Elizabeth Mitchell, il est père d'un petit Johnny qu'il adore. Tandis qu'une aurore boréale exceptionnelle déploie ses draperies, il sauve, in-extremis, sa peau et celles de quelques malheureux. Simultanément, un "tueur d'infirmières" sévit dans la ville. Il en est à sa troisième victime. Octobre 1999. Johnny (Jim Caviezel) est devenu policier. Sa vie est passablement agitée. Sa compagne Samantha (Melissa Errico) vient de rompre. En compagnie de son copain d'enfance Gordo Hersch (Noah Emmerich), il découvre le vieux poste de radio amateur auprès duquel son père, disparu depuis plusieurs années, passait de longues heures. L'appareil fonctionne encore. John entre en contact avec un correspondant étrange. Quelle n'est pas sa stupéfaction lorsqu'il se rend compte qu'il s'agit de Frank ! Mais le comble est encore à venir... 
 
   Les scénarios fondés sur les paradoxes temporels ne manquent pas. Etant donné que, pour les esprits solidement ancrés dans leur logique rationnelle, l'invraisemblance est obligatoirement au rendez-vous, c'est souvent par le biais de la comédie que les réalisateurs abordent le sujet. Les plus célèbres réussites dans le domaine sont dues à Robert Zemeckis et à ses "Retour vers le futur", où le délire le dispute au vaudeville. Mais, dans l'approche "sérieuse", un certain nombre de créations valent le détour. Si le récent "Mémoire effacée" laissait un goût pour le moins saugrenu, on peut garder un souvenir ému de la romance qui humanisait "Nimitz, retour vers l'enfer". 
 
   Le film de Gregory Hoblit est à marquer d'une pierre blanche. Après un "Peur primale" que Edward Norton transfigurait de sa monstruosité manipulatrice, il nous offre ici une histoire tout à fait passionnante, malgré (ou à cause de !) l'invraisemblable imbroglio qui mêle, fort habilement, amour filial, troubles mémoriels, psychologiques, intrigue criminelle et ce que certains auteurs appellent "replis du temps". Le montage, particulièrement élaboré, loin de donner l'impression d'un puzzle artificiel ou préfabriqué, contribue à renforcer l'humanité des personnages, et les improbables modifications apportées à la trame existentielle de Frank deviennent une "pilule" tout à fait ingérable, parce qu'elles enrichissent drames intérieurs et suspense, sans parasiter la narration. Précisons aussi que père et fils sont plus que crédibles dans cette aventure, Jim Caviezel se montrant particulièrement émouvant dans son mal-être indéfinissable.  
 
   Une belle réussite, même si le dénouement ne tient pas 100% des promesses engrangées.
   
Bernard Sellier