Frissons, (Shivers), film de David Cronenberg, commentaire

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Frissons,
     (Shivers),      1975, 
 
de : David  Cronenberg, 
 
  avec : Paul Hampton, Joe Silver, Lynn Lowry, Barbara Steele, Susan Petrie, Allan Kolman, Vlasta Vrana,
 
Musique : ?

  
   
À quelques kilomètres de Montreal, a été créé un complexe de luxe sur une île paradisiaque. Rien ne manque. Ni les boutiques, ni les restaurants, ni les épiceries, ni la piscine olympique, ni le dispensaire. Pourtant, un jour, l'harmonie des lieux commence à se disloquer sérieusement. Un professeur de médecine à la retraite, le docteur Emil Hobbes (Fred Doederlein) trucide sauvagement une jeune fille, Annabelle Brown (Kathy Graham) avant de se suicider. Un de ses anciens élèves, le docteur Roger St Luc (Paul Hampton) découvre le carnage et cherche à comprendre. Quelques éléments lui sont fournis par Rollo Linsky (Joe Silver), l'ancien associé de Hobbes. Celui-ci menait apparemment des études étranges sur le remplacement d'organes par des parasites... 
 
   Ce n'est un secret pour personne, David Cronenberg a toujours été fasciné par l'horrifique et le malsain, que celui-ci se situe dans le domaine physique ou dans le domaine psychologique. Ce goût pour la plongée dans la noirceur, le monstrueux et le terrifiant a donné souvent naissance à d'inoubliables créations. C'est le cas de "La Mouche", "The dead Zone", "Faux-semblants" ou encore le récent "A history of violence". Dans le cas présent, sans doute inspiré, en partie, par la libération sexuelle qui commençait à se développer, il compose, avec une efficacité indéniable, une oeuvre qui mêle érotisme et contagion parasitaire, plus ou moins inspirée de "L'invasion des Profanateurs de sépultures" que Don Siegel avait tourné vingt ans plus tôt. 
 
   Avec un budget que l'on devine minimaliste, le réalisateur développe une course contre la montre assez haletante, verrouillée par des unités de temps, d'action et de lieu, qui renforcent encore l'impression d'urgence. Cela dit, le propos demeure résolument au niveau matériel, même s'il est possible de voir, dans le choix du sujet, divers symboles libertaires ou sexuels que chacun développera à sa guise. La trame en elle-même se contente, comme dans la majorité des films du même genre, d'installer une certaine quantité de personnages-proies, dont on ne sait d'ailleurs quasiment rien, et de les "présenter" ensuite au prédateur. Nombre de scènes ne manquent pas de puissance dramatique et de férocité, mais un notable passage à vide s'installe au bout d'un certain temps, l'intensité des séquences cauchemardesques ne parvenant pas toujours à faire oublier la répétitivité du processus. Même si, une fois n'est pas coutume, l'aspect du "prédateur" n'a rien de ridicule, bien au contraire, un point semble évident : ce film apporte la preuve que le niveau d'angoisse n'est pas forcément proportionnel au degré d'horreur montré. "L'invasion des profanateurs de sépultures", infiniment moins prolifique en giclées nauséeuses, affichait un pouvoir d'effroi viscéral bien supérieur.
   
Bernard Sellier