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Identity,
      2003, 
 
de : James  Mangold, 
 
  avec : John Cusack, Ray Liotta, Amanda Peet, Alfred Molina, John C. McGinley, Pruitt Taylor Vince, Rebecca DeMornay,
 
Musique : Alan Silvestri

   
   
Malcolm Rivers (Pruitt Taylor Vince), un redoutable tueur, a été condamné à mort. La veille de son exécution, son défenseur demande au Juge un entretien exceptionnel, le journal intime du coupable ayant été retrouvé. Les écrits qui y figurent prouvent, selon le docteur Malick (Alfred Molina), une aliénation à base de personnalités multiples. Or un assassin atteint de maladie mentale ne peut pas être exécuté. Pendant ce temps, dans un motel isolé, divers personnages se retrouvent bloqués par une pluie diluvienne qui a coupé les routes. Parmi eux, figurent un policier, Rhodes (Ray Liotta) accompagné d'un dangereux prisonnier, Robert Maine (Jake Busey)... 
 
   Les "Dix petits nègres" revus et "corrigés" à la sauce psychanalytique ! Dans un décor glauque à souhait, où ruissellent des tonnes de pluie, des êtres qu'un mystérieux hasard a rassemblés là, se voient les victimes d'un étrange éliminateur. La quasi-totalité du film se déroule pendant la nuit et l'atmosphère angoissante est incontestablement bien rendue. Les personnages, hétéroclites, se comportent comme tous les bons sujets des films d'horreur : ils crient, paniquent, accusent à tort et à travers, tentent de comprendre ce qui leur arrive, et, inéluctablement, se font trucider le moment venu. Jusque là, rien de foncièrement original, côté scénario, mais une réussite de bon aloi, côté climat oppressant. Les protagonistes, dont certains (Caroline Suzanne (Rebecca DeMornay)), ne font qu'une courte apparition, ne manquent ni de charisme, ni de caractérisation, même si celle-ci est réduite au strict minimum expressif. Le montage des premières scènes, composé par micro allers et retours dans le temps, parvient à donner l'envie de voir où l'originalité primaire du réalisateur peut aboutir.  
 
   Puis James Mangold, qui, apparemment aime le surnaturel (voir son "Kate et Leopold", sorti deux ans auparavant), donne la clé de cette hécatombe. Dès lors, se reproduit le bouleversement éùotionnel que nous a fait vivre M. Night Shyamalan à diverses reprises, génialement dans "Sixième sens", brillamment (?) dans "Le Village", et de manière beaucoup moins convaincante, à mon sens, dans "Incassable" et "Signes" : une rupture dans la logique horrifique pépère du récit qui, suivant le degré d'intégration, d'acceptation, d'implication du spectateur, paraît passionnante, inventive ou d'un grotesque inacceptable. Peut-être est-ce un nouveau procédé retors destiné à pallier la carence d'originalité d'une trame usée, en bifurquant sur une voie détournée, non balisée, puisque la recette nous a été servie à plusieurs reprises depuis quelques années, et dernièrement encore, de manière péremptoire, par Joseph Ruben dans sa "Mémoire effacée". Alors, roublardise ou trouvaille intelligente ? A chacun de se faire une opinion. Pour ma part, contrairement à certains critiques qui ont honni la fin, je trouve celle-ci d'une logique primitive, agaçante, certes, mais quasiment obligatoire.
   
Bernard Sellier