Lost, Saison 3, série de J.J.Abrams, commentaire

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Lost,
       Saison 3,         2006 
 
de : J. J.  Abrams..., 
 
avec : Matthew Fox, Naveen Andrews, Maggie Grace, Daniel Dae Kim, Josh Holloway, Michael Emerson, Elizabeth Mitchell,
 
Musique : Michael Giacchino


   
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   Ainsi que l'ont promis "les autres", placés sous le commandement de Ben Linus (Michael Emerson), Michael Dawson (Harold Perrineau) reçoit l'autorisation de quitter l'île avec son fils, en remerciement d'avoir livré Kate Austen (Evangeline Lilly), Jack Shephard (Matthew Fox) et Sawyer (Josh Holloway). Les trois captifs sont emmenés dans un lieu secret. Jack fait la connaissance de Juliette Burke (Elizabeth Mitchell), une scientifique spécialiste de la fécondation, et comprend bientôt que Ben, atteint d'une tumeur à la colonne vertébrale, espère que son prisonnier acceptera de l'opérer... 
 
   Selon le principe de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide, il est possible de voir cette troisième Saison sous deux angles bien différents. 
 
   L'angle positif, d'abord. Nous retrouvons ceux qui sont maintenant devenus presque des amis, dans le parcours chaotique de leurs vies antérieures, avec toujours davantage d'informations sur les drames qu'ils ont vécus, les souffrances qu'ils ont endurées, les erreurs qu'ils ont commises. En ce qui concerne leur présent, l'enchevêtrement des événements ne s'est affaibli en rien, bien au contraire, puisque, ainsi qu'il était facile de le prévoir, des liens plus ou moins affectifs se tissent progressivement entre les principaux protagonistes. De nouvelles figures apparaissent, d'autres, déjà vues, prennent une importance majeure. Les personnages sont toujours profondément attachants, troublants, et l'imbrication des flashes-back surprend constamment par son inventivité. Bref, le tissu continue à se tricoter courageusement, apportant à chaque épisode son lot de découvertes colorées. 
 
   L'angle négatif, ensuite. Il est évident que nous ne sommes pas dans une sitcom consacrée aux Feux de la Passion. Les deux premières saisons avaient placé la barre très haut. Elles nous avaient alléché, c'est le moins qu'on puisse dire, avec une intrigue hautement mystérieuse, dont les résonances paranormales, parapsychiques, ésotériques, peu importe le qualificatif qu'on leur donne, préparaient, semblait-il, une incursion fascinante dans les mondes parallèles. Or qu'en est-il ici ? Le néant quasi absolu ! Non seulement la trame scénaristique ne nous offre aucune lumière sur les énigmes passées, mais encore la spirale événementielle semble s'éloigner de plus en plus de la matrice primordiale, prenant une direction banalisée vers des intrigues secondaires, des règlements de compte personnels, qui n'ont plus grand chose à voir avec la source originelle.  
 
   La fâcheuse impression qui s'installe dès les premiers épisodes, avec sa succession usante de séquences répétitives (Kate, Jack et Sawyer n'en finissent pas de s'échapper, d'être repris...), augure mal de la suite. Et, malheureusement, celle-ci voit se confirmer les inquiétudes du début. L'histoire procure la fâcheuse impression que les scénaristes ont laissé au vestiaire une construction hyper-occulte dont ils ne savent plus comment se sortir, et ont sué sang et eau pour faire patienter le spectateur en lui livrant une cuisine fast-food à base d'ingrédients plus ou moins goûteux, modérément originaux, et parfois carrément lassants. Le remplissage forcené à coups d'intrigues secondaires masque très mal la difficulté qu'ont les concepteurs à créer une synthèse crédible et excitante à partir des innombrables bouts de puzzle amoncelés au cours des deux premières saisons. Des personnages originellement très prometteurs (Danielle Rousseau, John Locke...) se banalisent tandis que d'autres ont bien de la difficulté à tenir la distance (Desmond, Ben surtout), tant les situations dans lesquelles ils évoluent semblent nager toujours plus dans le préfabriqué et l'artificiel.  
 
   Peut-être est-il excessif de penser, avant d'avoir visionné la Saison suivante, que cette superbe énigme tourne désormais en eau de boudin mais il n'en reste pas moins que l'intensité de la déception est à la mesure de l'attente générée par les deux séries précédentes !

   
Bernard Sellier