L'explosion atomique provoquée par Juliette Burke (Elizabeth Mitchell), et censée annihiler tous les événements survenus dans l'île depuis le crash du vol 615, n'a apparemment pas atteint son but. La jeune femme est grièvement blessée, de même que Sayid Jarrah (Naveen Andrews). Hugo Reyes (Jorge Garcia) reçoit de Jacob (Mark Pellegrino) le conseil de conduire Sayid au temple afin qu'il y ait une chance qu'il soit sauvé. Mais (pendant que ces multiples péripéties se déroulent au coeur de l'océan ?), le vol Océanic atterrit tranquillement avec tous ses passagers à Los Angeles...
Dernière promenade en compagnie des survivants, qui a la lourde charge de répondre à la foultitude de questions accumulées depuis cinq saisons, et de replacer toutes les contradictions apparentes dans un monde un tant soit peu logique et compréhensible ! On ne peut pas dire qu'au vu des six ou sept premiers épisodes, la mission soit réussie. Non seulement les ouvertures explicatives n'apparaissent pas, mais le mystère semble, à supposer que ce soit possible !, s'épaissir encore. Le mot d'ordre semble être devenu : en avant toute vers le délire et l'aberrant absolus. Les scénaristes donnent l'impression d'avoir délibérément choisi de rameuter la quasi totalité des protagonistes (y compris les morts !) pour construire un bouquet final aussi "hénaurme" que spectaculaire. En tant que fan envoûté par l'originalité surnaturelle des deux premières saisons, il est naturel d'espérer jusqu'au bout l'impossible : voir naître une résolution du mystère qui parvienne à rassembler tous les éléments disparates, des plus improbables aux plus émouvants, pour faire apparaître un puzzle parfait, un tableau magistral qui bouleverserait le coeur autant qu'il stupéfierait l'intellect.
Autant le reconnaître tout de suite, l'impossible demeurera à l'état de rêve. C'était d'ailleurs prévisible. Avec un regard d'ensemble sur l'histoire, il semble évident que les péripéties ont été écrites au fur et à mesure des saisons, et que les créateurs n'avaient pas en tête le dénouement lorsqu'ils ont fait se crasher le vol 615 sur l'île. Etant donné l'accumulation des mystères et les multiples ramifications de l'intrigue dans divers espaces-temps, il devenait quasiment exclu de pouvoir donner naissance à une explication globale maîtrisée. Il faudra donc se contenter d'une sortie, certes sensée, mais qui paraît bien rachitique si l'on considère les innombrables énigmes accumulées au fil des épisodes, et désormais pour toujours sans justifications ni élucidations. Cette dernière saison laisse donc très perplexe. Ne serait-ce que par les rencontres-retrouvailles qui l'émaillent, souvent touchantes, mais qu'il est difficile de voir autrement que comme un remplissage de qualité. Quant à la réunion finale, elle fait davantage penser à une festivité joyeuse entre acteurs qui ont vécu un parcours exceptionnel, qu'au couronnement éthéré voulu par les scénaristes.
Que restera-t-il donc de ce "Lost" ? Assurément deux premières saisons ( 1 et 2 ) géniales, deux autres ( saison 4 & saison 5 ) captivantes, et un casting de rêve qui intègre immédiatement chaque personnage dans la mémoire indélébile du cinéphile. Dommage que les énigmes se multiplient et se diluent au fil des épisodes, s'éparpillent dans l'excès, sans jamais parvenir à un recentrage susceptible de promulser le mystère aux cimes attentues.