Un monde meilleur, film de Mimi Leder, commentaire

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Un monde meilleur,
     (Pay it forward),      2000, 
 
de : Mimi  Leder, 
 
  avec : Kevin Spacey, Helen Hunt, Haley Joel Osment, James Caviezel, Jay Mohr, Angie Dickinson,
 
Musique : Thomas Newman

   
 
Une prise d'otages "banale". La police est sur place. Un jeune journaliste, Chris Chandler (Jay Mohr) arrive pour couvrir l'événement. Mais le criminel s'enfuit avec une voiture et démolit au passage celle de Chris. Le jeune homme est désespéré. Mais, soudain, un homme passe et lui offre sa Jaguar. Un don gratuit !  
 
 Quatre mois plus tôt, Eugene Simonet (Kevin Spacey) proposait à ses nouveaux élèves de CM2, parmi lesquels se trouve le jeune Trevor Mc Kinney (Haley Joel Osment) qui vit seul avec sa mère alcoolique Arlene (Helen Hunt), un sujet de travaux pratiques original : trouver une idée pour changer le monde, en mieux, bien sûr. Trevor arrive le lendemain avec une proposition : que chacun apporte une grande aide à trois personnes qui, à leur tour, apporteront leur secours à trois autres et ainsi de suite. Il a d'ailleurs commencé la mise en pratique de cette chaîne en invitant chez lui un marginal drogué, Jerry (James Caviezel)... 
 
 Sorti pratiquement à la même époque que "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain", ce film en est un peu la contrepartie. Si l'oeuvre de Jean Pierre Jeunet était d'une originalité formelle exceptionnelle, "Un monde meilleur" est d'une facture plus que classique. En revanche, pour ce qui est du fond, l'idée de base qui germe dans la tête du génial Haley Joel Osment, et son application, ouvrent sur une dimension spirituelle autrement plus profonde et passionnante que les petits gags d'Audrey Tautou. 
 
 Il est tout d'abord assez surprenant de voir Mimi Leder accoucher d'une telle réalisation. Ses deux précédents films ("Le pacificateur" et "Deep impact") relevaient plutôt de la grosse cavalerie made in USA. Ici, tout ou presque se déroule dans les méandres de l'inconscient, hormis quelques scènes, d'ailleurs plaquées à mon sens un peu artificiellement même si elles sont un développement logique de la chaîne, viennent rappeler que violence et déchéance sont un des fléaux de notre monde moderne. 
 
 Arlene et Eugene sont deux blessés de la vie. Incapables, seuls, de reconstruire positivement leurs lendemains, ils vont être mis en contact par le jeune garçon qui agit, tout comme dans une réaction chimique, en catalyseur. Si Kevin Spacey et Helen Hunt livrent une prestation émouvante, que dire de Haley Joel Osment ! Sinon répéter une évidence : ce garçon est phénoménal ! Ressentir une telle intensité dans son regard et dans ses expressions est stupéfiant ! Il porte presque à lui tout seul cette histoire inspirée que l'on devrait faire visionner à tous les enfants du monde !  
 
 Reste, malheureusement, que, à mon sens, la réalisation nuit quelque peu à ce qui aurait pu être un chef-d'œuvre. Certaines scènes me semblent maladroites (le récit du drame qui a détruit la vie d'Eugene, par exemple) et l'ensemble manque de liant. On garde l'impression un peu gênante d'une juxtaposition de moments souvents dramatiquement puissants, mais qui ne sont pas fondus dans un tout. Prenons par exemple le film de Clint Eastwood : "Sur la route de Madison". Il est l'exemple parfait d'une oeuvre qui laisse une impression générale profonde et impérissable, alors qu'il n'est pratiquement composé que de moments anodins. Sa puissance et son impact globaux sont bien supérieurs à la somme des instants dont il est composé. Ici, c'est un peu l'inverse. Beaucoup de scènes dramatiques, mais, finalement, c'est la dernière qui marque le souvenir. 
 
 Malgré cette réserve, un film à ne pas manquer, ne serait-ce que pour le message qu'il propose et, bien évidemment, pour son formidable trio d'acteurs ! 
   
Bernard Sellier