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The patriot,
      2000, 
 
de : Roland  Emmerich, 
 
  avec : Mel Gibson, Heath Ledger, Joely Richardson, Jason Isaacs, Tom Wilkinson, Adam Baldwin, Tchéky Karyo, Chris Cooper,
 
Musique : John Williams


   
1776, en Caroline du Sud. Benjamin Martin (Mel Gibson), veuf, élève seul ses sept enfants tout en dirigeant sa plantation. La guerre d'Indépendance contre l'Angleterre et son représentant, le Général Charles Cornwallis (Tom Wilkinson), bat son plein. Martin refuse de voter la levée de troupes. Mais celle-ci a tout de même lieu. Son fils aîné, Gabriel (Heath Ledger), s'engage contre sa volonté. Quelques mois plus tard, le jeune homme revient, blessé. L'armée anglaise a défait les troupes de l'union. Un régiment, commandé par le Colonel William Tavington (Jason Isaacs), fait irruption dans la propriété de Martin. Gabriel, porteur d'un message, considéré comme espion par l'officier anglais, est condamné à être pendu. Le jeune Thomas (Gregory Smith) est tué en essayant de libérer son frère. Fou de douleur, Benjamin, accompagné de ses deux autres fils, Nathan (Trevor Morgan) et Samuel (Bryan Chafin), parvient à faire évader Gabriel. Il confie tous ses enfants à leur tante, Charlotte Selton (Joely Richardson), et s'engage avec son fils aîné sous les ordres du Colonel Burnwell (Chris Cooper)... 
 
   "The Patriot" s'intercale, dans la filmographie spectaculaire de Roland Emmerich, entre "Independance day", "Godzilla", et "Le jour d'après". Autant dire que l'entourage n'est pas spécialement de la dentelle fine ! Délaissant, pour un temps, le fantastique ou la science-fiction, le réalisateur visite un pan de l'histoire américaine, étudié jadis au collège, mais dont seuls les noms de Cornwallis et de Yorktown évoquent un vague souvenir. Pourtant, naîtrait, de cette boucherie anglo-américaine, la future indépendance des Etats-Unis vis à vis de leurs cousins européens envahissants. Ce qui n'est pas rien ! C'est l'occasion de célébrer, à grand renfort de spectacle, le courage et la détermination de quelques milliers de propriétaires, contraints de devenir miliciens pour chasser les redoutables "tuniques rouges". Un homme symbolise à lui seul cette indomptable témérité : Benjamin Martin. Nous ne sommes pas étonnés que le rôle ait pu séduire Mel Gibson. Torturé intérieurement par les massacres auxquels il a participé, jadis, contre l'armée française, veuf inconsolable, père modèle, fervent chrétien, empreint d'un désir sincère de voir la paix s'établir sur le pays, prêt à tous les sacrifices pour secourir sa famille, il est le modèle du héros sans peur, charismatique, et (presque) sans reproche. Le cruel destin ne l'épargnera pas et la route de la rédemption et de l'apaisement sera longue !  
 
   A coup sûr, cette épopée tragique ne fait pas, elle non plus, dans la dentelle. Batailles sauvages, comme il se doit, mais surtout penchant prononcé pour le sensationnel, sens de la scène à forte à forte charge sentimentale, émotionnelle (Mel Gibson faisant fondre les petits soldats de plomb de son fils mort, pour forger les balles qui tueront l'ennemi), où la prévisibilité est souvent de mise, ralentis d'un goût douteux (cf. "Pearl Harbor")... L'agacement effleure parfois le spectateur. Malgré cela, le manichéisme ne s'impose pas, et l'équilibre parvient même à être préservé, entre trame historique et ce qui menaçait de devenir un affrontement personnel. En la personne du monstrueux Colonel Tavington, d'ailleurs honni par son supérieur, Benjamin combat la domination britannique, mais aussi une certaine incarnation du Mal. Le scénario a beau privilégier la théâtralité à l'authenticité, certaines séquences ont beau respirer le formaté, il n'en demeure pas moins que l'ensemble ne manque pas plus d'intensité que d'énergie. On se laisse facilement emporter par le souffle dramatique et émouvoir par la souffrance de ce père qui voit le monde familial se désintégrer autour de lui et de ses hommes.
   
Bernard Sellier