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Phone game,
      (Phone booth),      2002, 
 
de : Joël  Schumacher, 
 
  avec : Colin Farrell, Forest Whitaker, Kiefer Sutherland, Radha Mitchell, Katie Holmes,
 
Musique : Harry Gregson Williams

 
   
Stu Shepard (Colin Farrell) est un impresario qui joue des mensonges et affabulations comme d'une arme professionnelle et relationnelle. Ainsi qu'il le fait chaque jour, il appelle Pamela McFadden (Katie Holmes), dont il rêve de faire sa maîtresse en lui promettant d'hypothétiques merveilles. Mais, pour ce faire, il utilise une des dernières cabines téléphoniques de ce quartier de Manhattan, afin que sa communication n'apparaisse pas sur la facture de son portable et ne soit pas repérée par sa femme, Kelly (Radha Mitchell). Mais l'appel d'un inconnu qui sait tout de ses hypocrisies l'oblige à demeurer au téléphone. Embusqué dans l'un des immeubles alentour, muni d'un fusil à lunette, l'inconnu entreprend de lui faire expier ses trahisons. 
 
  La filmographie de Joël Schumacher est assez éclectique. Films de guerre ("Tigerland"), adaptations de BD ("Batman forever"), drames psychologiques ("Chute libre"), films policiers ("8 mm"), drames musicaux (le récent "Fantôme de l'opéra")... C'est pour le moins du varié. Ici, nous sommes dans le minimaliste et presque l'exercice de style. Quatre-vingt minutes à peine, mais un lieu unique, confiné qui plus est, et une conversation téléphonique à bâtons rompus. Unité de temps, de lieu et d'action. Dans ce genre, aux limites, tant visuelles que narratives et psychologiques, particulièrement restreintes, la réussite est indéniable. Une image brièvement exposée du personnage, hyper actif, beau parleur, bluffeur et mystificateur sans vergogne ni états d'âme, brossée sous la forme moderne d'un clip survitaminé, et l'entrée dans le vif de la matière se fait sans attendre. Dès lors, la tension ne faiblit pas et, dans le cadre formaté de cet accouchement original d'une authenticité bafouée, le spectateur est habilement scotché par la succession ultra rapide des rebondissements, manipulations, de cette course contre la montre extravagante. Après vision, une fois les neurones calmés, il sera possible de piocher dans ses souvenirs de multiples références : "Duel" de Spielberg, "Chute libre", "Meurtre en suspens", et, pourquoi pas "Le silence des agneaux", pour la courte scène finale... De même, en ce qui concerne le fond de l'histoire, peut-être pourra-t-on y lire une mise en lumière et, pourquoi pas, en accusation, de la superficialité manipulatrice des médias, de la course à la réussite matérielle quel qu'en soit le prix.  
 
  Mais, sans aller aussi loin dans la signification métaphysique ou sociale, qui ne sont probablement pas l'objectif premier, il est sans doute plus judicieux de voir ce film pour ce qu'il est : un thriller aux ambitions modestes qui ne manque pas d'efficacité. Dommage que le doublage de l'inconnu soit aussi peu réussi, manquant de mystère et de menace. Colin Farrell est, lui, parfaitement crédible dans ce rôle de bellâtre hypocrite qui tombe le masque par obligation. 
 
 À noter que l'auteur, Larry Cohen, avait, paraît-il, proposé le sujet dans les années 60, à Alfred Hitchcock...
   
Bernard Sellier