Angela (Ana Torrent) commence, sous la direction du professeur Figueroa (Miguel Picazo), une thèse sur la violence audiovisuelle. A la recherche de sources filmiques sur le sujet, elle fait la connaissance de Chema (Fele Martinez), un étudiant passionné de snuff movies. Un jour, Angela retrouve Figueroa mort dans la salle de projection. Elle subtilise la cassette qu'il visionnait, et se rend compte bientôt qu'elle contient l'exécution réelle d'une étudiante disparue deux ans plus tôt Yolanda (Rosa Campillo)...
Beaucoup plus classique dans le fond que "Les Autres", ce film, antérieur de quelques années, n'en est pas moins d'une redoutable efficacité dramatique, et met en évidence, de la première à la dernière image, les qualités narratives du réalisateur, son don inné pour créer une alchimie hautement tensionnelle entre les opposés, entre les apparences et la réalité, entre les pulsions inavouées et le vernis policé que nous affichons dans la vie quotidienne. A travers une multitude de personnages ambigus (Castro, Bosco, Chena...), qui se jouent de l'autre mais aussi inconsciemment d'eux-mêmes, Alejandro Amenábar dissèque avec une confondante maestria les rapports attirances-répulsions pour la violence, qui chahutent en permanence la conscience et le corps humains. L'oeuvre est évidemment un thriller d'une puissance constante, se rapprochant parfois de "Coma", de "Mesure d'Urgence", de "Temoin muet" ou autres "8mm", évoquant, au détour d'un plan ou d'une séquence, le De Palma de "Pulsions". Mais il est aussi beaucoup plus, à savoir une descente fiévreuse, tourmentée dans les méandres de l'âme humaine, servie, qui plus est, par une pléiade de comédiens à l'expressivité exceptionnelle, au premier rang desquels se dresse Ana Torrent, incarnant avec une subtilité et une intensité inoubliables les facettes multiples de son personnage troublé et troublant.