Les tontons flingueurs, film de Georges Lautner, commentaire

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Les tontons flingueurs,
     1963,  
 
de : Georges  Lautner, 
 
  avec : Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Sabine Sinjen, Claude Rich, Jean Lefebvre, Robert Dalban, Venantino Venantini,
 
Musique : Michel Magne


 
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Dispersion, ventilation '

 
Louis "le Mexicain" (Jacques Dumesnil), un truand de la vieille école exilé depuis des années outre-Atlantique, revient en France pour y mourir. Mais, auparavant, il fait venir son vieil ami, Fernand Naudin (Lino Ventura), afin de lui léguer ses "affaires" et sa fille, la jolie Patricia (Sabine Sinjen). Mais ce testament n'est pas vraiment du goût des directeurs en place : les deux frères Volfoni, Raoul (Bernard Blier) et Paul (Jean Lefebvre), ainsi que Théo (Horst Frank) et Tomate (Charles Régnier) entendent bien faire avaler rapidos à Fernand son bulletin de naissance. Mais Pascal (Venantino Venantini), l'homme de main de feu Louis, est fort efficace... Et ça commence à défourailler à tout va... 
 
 Il y a dans le cinéma français quelques merveilles dont chaque scène demeure gravée dans les mémoires. De purs joyaux qu'il est inconcevable d'imaginer servis par des visages différents de ceux qui les ont immortalisés. Dans la comédie dramatique, il y a "Marius", "Fanny", "César". Dans la parodie policière, c'est ce film, sorti un an avant "Les Barbouzes", qui occupe une place de choix au panthéon des souvenirs émus. L'histoire, assez lâche au demeurant, n'est d'aucune importance. Mais le traitement scénique et la jouissance du verbe qui lui sont appliqués se révèlent magistraux. On n'en finirait pas de citer toutes les scènes cultissimes dont regorge cette histoire : de la séquence de dégustation du "vitriol" à la demande en mariage burlesque de Monsieur Adolphe Amédée Delafoy (Pierre Bertin), admirant les beautés de la villa tandis qu'une bataille rangée se déroule autour de lui, en passant par l'intérieur "musical" d'Antoine ou les visites musclées de Fernand sur la péniche des Volfoni, on ne sait plus où donner de la glande lacrymale.  
 
 Mais cette réussite jubilatoire dans l'action et la parole ne donneraient pas naissance à un tel enchantement, s'il n'y avait cette pléiade d'acteurs, qui oscillent tous, du plus petit rôle jusqu'aux ténors, entre le fascinant et le grandiose. Là aussi, l'admiration déborde : entre Claude Rich snobinard allumé, Patricia mutine à souhait, le duo des fines gâchettes qui ont des états d'âmes, Robert Dalban qui assomme ses visiteurs de retentissants "yes, Sir", Jean Lefebvre pleurant sous l'effet du vitriol, ou encore Lino, toujours au bord de la crise de nerfs, la coupe déborde ! La palme revient tout de même à Bernard Blier qui, grâce aux dialogues aiguisés d'Audiard, élève son personnage au sublime.
   
Bernard Sellier