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Hannibal Lecter, les origines du mal,
    (Hannibal rising),      2007, 
 
de : Peter  Webber, 
 
  avec : Gaspard Ulliel, Rhys Ifans, Gong Li, Kevin McKidd, Martin Hub, Michele Wade, Richard Brake, Dominic West,
 
Musique : Ilan Eshkeri, Shigeru Umebayashi

  
   
Comment le Docteur Hannibal Lecter en est-il arrivé à l'état de monstre cannibale que l'on connaît bien depuis le "Silence des Agneaux" ? Pour cela, il est nécessaire de revenir à la fin de la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1944, en Lithuanie. Les troupes du Reich reculent devant la percée inéluctable des chars russes. Des pillards sévissent sur toute la zone des combats. Hannibal Lecter (Aaran Thomas), âgé de 8 ans, voit ses parents mourir au cours d'une attaquer aérienne. Il demeure seul, avec sa petite soeur Mischa (Helena Lia Tachovska) dans un chalet perdu au milieu de la forêt. Survient une bande de détrousseurs, commandée par Grutas (Rhys Ifans), cherchant à échapper aux soldats soviétiques qui ne font pas de quartier aux voleurs. Le temps passe, le froid est intense, et les vivres manquent. Comment survivre lorsqu'il n'y a aucune nourriture animale ?... 
 
   Lorsqu'il n'est plus guère possible de développer les aventures d'un personnage mythique, déjà passablement étirées sur trois films, une seule solution se présente : effectuer un retour aux sources. Mais le résultat ne se montre pas toujours à la hauteur des attentes. George Lucas nous en a administré la démonstration, en peinant fort à retrouver, dans ses épisodes 1 et 2 de "La Guerre des Etoiles" le panache et la spontanéité jubilatoire de "L'Empire contre attaque". Dans le cas d'Hannibal Lecter, c'est sensiblement la même situation. Globalement, l'oeuvre est de qualité. Belle photographie, scénario sans grande invention (une histoire de vengeance comme beaucoup d'autres) mais construit avec soin. Un choix relativement judicieux pour Gaspard Ulliel, qui se montre juste dans la pathologie obsessionnelle et la froideur meurtrière. Une ambiguité constante dans le personnage fascinant de Lady Murasaki Shikibu (merveilleuse Gong Li !), tante d'Hannibal.  
 
   Et pourtant, malgré ces aspects théoriquement positifs, il semble quasiment impossible de vibrer au diapason du drame qui se déroule sous nos yeux. La folie se développe lentement dans le cerveau malade du jeune homme, les meurtres s'accumulent, la chasse aux odieux complices de Grutas s'installe. Et le spectateur contemple tout cela sans vraiment frémir, sans se sentir impliqué dans l'histoire. Ce qui est un comble pour un genre dont le but est de bousculer, de provoquer ces frissons délicieux ou horrifiés que les passionnés de terreur recherchent avec délectation. Il faut dire que, si le Hannibal de Gaspard Ulliel se montre crédible dans sa mutité d'enfant traumatisé, celle-ci, en revanche, impose à la narration de compenser le vide oral par une tension dramatique efficace et permanente. Or ce n'est pas le cas. Les exécutions spectaculaires ne remplacent pas toujours avec bonheur les mots absents. Les insinuations perfides et les agressions verbales que Anthony Hopkins semait avec une gourmandise vicieuse dans "Le Silence des Agneaux" se révèlent infiniment plus percutantes émotionnellement que les coups de sabre de Gaspard Ulliel.  
 
   Le changement radical de genre ("La jeune fille à la perle", son précédent film) n'a pas réussi à Peter Webber. Beaucoup d'effets visuels (et des flash back plutôt lourdingues !) pour peu d'effet tragique.
   
Bernard Sellier