L'homme au masque de fer, film de Randall Wallace

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L'homme au masque de fer,
      (The Man in the iron mask),      1998, 
 
de : Randall  Wallace, 
 
  avec : Leonardo DiCaprio, Jeremy Irons, Gérard Depardieu, Peter Sarsgaard, John Malkovich, Gabriel Byrne, Anne Parillaud, Judith Godrèche, 
 
Musique : Nick Gennnie-Smith

 
   
Le jeune Louis XIV (Leonardo DiCaprio) commence son règne sous de sombres auspices. La guerre contre les Hollandais coûte cher et les Parisiens n'ont plus rien à manger, sinon la nourriture avariée que le Monarque leur distribue. La colère gronde. Les Jésuites eux-mêmes condamnent cette politique militaire belliqueuse. Louis convoque Aramis (Jeremy Irons), l'ancien mousquetaire devenu prêtre, et lui confie une mission secrète : découvrir la personnalité du Général des Jésuites et le supprimer. Pendant ce temps, le Roi tombe follement amoureux de Christine Bellefort (Judith Godrèche), fiancée à Raoul de Bragelonne (Peter Sarsgaard), fils d'Athos (John Malkovich). Pour parvenir à séduire la belle sans problème, Raoul est envoyé au front, où il se fait tuer. Athos, fou de douleur, entre avec Aramis et Porthos (Gérard Depardieu), dans un complot visant à "remplacer" le Monarque. Seul D'Artagnan (Gabriel Byrne) demeure fidèle à Louis... 
 
   L'histoire de France est malmenée, c'est évident ! Elle l'avait déjà été passablement par Alexandre Dumas, mais le résultat était génial ! Autant il est pitoyable de voir de prétendues adaptations de Monte Cristo (cf. l'affligeante "Vengeance de Monte-Cristo") défigurer et anéantir un roman quasiment parfait, autant des variations sur le thème des Mousquetaires, beaucoup plus lâche et malléable, est admissible, à condition que le bébé qui résulte de la trituration possède des qualités énergétiques captivantes. C'était loin d'être le cas, par exemple, de "La fille de d'Artagnan" !  
 
   Dans l'imaginaire créatif de Randall Wallace, scénariste par ailleurs de "Braveheart", 'Pearl Harbor", ou encore "We were soldiers", souffle alternativement le froid et le chaud, le contestable et le convaincant. Dans la première catégorie, se range de toute évidence le Porthos de Gérard Depardieu, croisement affligeant entre un Obelix lourdaud et un Bérurier ("San-Antonio") pétomane. A oublier immédiatement. Il faut aussi mentionner le très gros hameçon que le spectateur doit avaler à la fin de l'histoire. Si l'on parvient à faire abstraction de ces obstacles, reconnaissons que l'ensemble dramatique réserve quelques moments de belle émotion, tout en conservant ce qui est le fondement même de l'union des quatre mousquetaires : à savoir le service d'un idéal de noblesse et de grandeur qui dépasse la personne physique du Roi. Le choix des acteurs se révèle judicieux, en particulier dans le cas d'Athos et, surtout, d'Aramis. Leonardo DiCaprio apporte la note d'inconscience et de cruauté juvénile que le réalisateur a souhaité coller à la personne du futur "Roi Soleil". La dramaturgie générale, pour osée et primaire qu'elle soit, ne se révèle pas plus stupide que nombre d'autres consoeurs, génératrices d'aventures aussi échevelées qu'efficaces. Quelques raccourcis scénaristiques abrupts mettent parfois à mal l'implication émotionnelle du spectateur. Pourtant, globalement, cette épopée extravagante, à ne surtout pas prendre au sérieux, ne se révèle pas la catastrophe absolue que certains ont fustigée.
   
Bernard Sellier