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Jugez-moi coupable,
     (Find me guilty),       2006, 
 
de : Sidney  Lumet, 
 
  avec : Vin Diesel, Alex Rocco, Frank Adonis, Frank Pietrangolare, Richard DeDomenico, Linus Roache, Annabella Sciorra, Peter Dinklage,
 
Musique : Jonathan Tunick


   
Un gigantesque procès est intenté par l'Etat à 20 personnes suspectées d'être des pontes ou des exécutants de la Mafia, dont Nick Calabrese (Alex Rocco), Carlo Mascarpone (Frank Pietrangolare), Tom Napoli (Richard DeDomenico). Une armada d'avocats, menés par Ben Klandis (Peter Dinklage), défend les accusés. Jackie DiNorscio (Vin Diesel), qui purge déjà une peine de 30 ans de prison pour trafic de drogue, est lui aussi présent. Mais, contre toute attente, il décide d'assurer lui-même sa défense. Le Procureur Sean Kierney (Linus Roache) est persuadé que la culpabilité sera prononcée... 
 
   Tiré d'une histoire véridique, (le véritable Jackie DiNorscio est d'ailleurs décédé pendant le tournage), le film brosse un raccourci des 627 jours de procès ! Sydney Lumet n'est pas un novice dans le genre. A 82 ans, il laisse derrière lui quelques oeuvres particulièrement marquantes : "Douze hommes en colère", "Le Verdict", "L'avocat du Diable", "Un après-midi de chien", mais aussi "Equus" ou encore "Serpico". Dans le cas présent, le plus difficile a sans doute été de faire le tri parmi les milliers de pages qui ont dû naître au cours de ce procès fleuve. Cela dit, est-ce la fatigue due à l'âge, ou un choix délibéré du réalisateur, toujours est-il que le scénario se focalise presque exclusivement sur la personnalité hors normes de Jackie, reléguant les autres protagonistes, à l'exception peut-être de l'étonnant avocat nain Ben Klandis (Peter Dinklage), et, dans une moindre mesure, de Kierney, dans une ombre un peu factice. L'ensemble, très vivant, se regarde avec un plaisir gourmand. Vin Diesel, à mille lieues de Xander Cage ("xXx"), révèle un tempérament manipulateur hautement excitant, oscillant avec fluidité de l'insolence à l'agressivité, de la bonhomie à l'insulte, de la vulgarité à la sensitivité.  
 
   Pourtant, le spectateur un tant soit peu exigeant peut sortir de cette évocation doublement frustré. D'une part, mais, dans ce domaine, l'auteur n'y est pour rien, ne faisant que relater les faits, en raison de l'affligeante conclusion qui démontre, si quelqu'un en doutait encore, que l'être humain est une créature aisément malléable par les professionnels de la forfaiture. D'autre part, surtout, parce que l'ensemble ne se hisse jamais au-dessus de l'ouvrage bien fait, ludique, mais sans réelle profondeur. Tous les intervenants sont des marionnettes parfaitement huilées, mais ce ne sont que des marionnettes, qui plus est, agitées dans un cadre très académique. Nous sommes bien loin de la haute tension de "Douze hommes en colère" ou de la plongée en apnée dans les méandres pathologiques du mental d'Alan Strang ("Equus"). Un divertissement très savoureux, sans plus.
   
Bernard Sellier