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Mille milliards de dollars,
     1982,  
 
de : Henri  Verneuil, 
 
  avec : Patrick Dewaere, Caroline Cellier, Jeanne Moreau, Jean-P. Kalfon, Edith Scob, Charles Denner, Anny Duperey, Jacques François,
 
Musique : Philippe Sarde

  
   
Paul Kerjean (Patrick Dewaere), jeune reporter à "La Tribune", est un jour contacté, dans le plus grand secret, par un homme mystérieux (Jean-Pierre Kalfon). Celui-ci désire livrer des informations concernant Jacques Benoît-Lambert (Robert Party), un homme très en vue dans les affaires et la politique. Réputé pour son intégrité sans faille, ce dernier aurait accepté, de la multinationale GTI, dirigée par Cornelius A. Woeagen (Mel Ferrer), près de deux milliards de dollars pour sauver de la faillite une filiale dirigée par son gendre. Kerjean rencontre l'épouse délaissée (Jeanne Moreau) de Benoît-Lambert et apprend qu'un détective privé, Walter (Charles Denner), missionné par elle pour obtenir des photos utiles à un divorce éventuel, a suivi l'homme d'affaires pendant plusieurs semaines... 
 
    David contre Goliath, la lutte du pot de terre contre le pot de fer façon "Erin Brockovich"... Le capital sympathie joue à plein, d'autant plus que cette histoire nous permet de revoir le si regretté Patrick Dewaere (même s'il s'est montré plus à l'aise dans certains autres films, "La meilleure façon de marcher", par exemple. Il y a vingt quatre ans, le sujet de la mondialisation était déjà une préoccupation majeure, et il est impossible de ne pas être ébranlé, voire épouvanté par le pouvoir tentaculaire de cette entreprise-pieuvre, dont aucune puissance politique ne semble en mesure de freiner la boulimie. Henri Verneuil nous a laissé de nombreuses oeuvres passionnantes, au premier rang desquelles brillent "Cent mille dollars au soleil", "Le clan des Siciliens", "Peur sur la ville" ou "Le corps de mon ennemi". Malgré le casting de premier choix rassemblé ici, le film a, me semble-t-il, passablement vieilli, privilégiant la volonté légitime de dénonciation (les emprises de GTI sont analysées avec clarté sous forme de flash back), à l'atmosphère générale et au rythme, qui souffrent parfois d'un excès de verbiage, de didactisme, et d'une simplification artificielle. Cette impression ne gâche cependant pas l'intérêt général de la dénonciation et la réflexion que génère cette descente dans les bas-fonds diaboliques du monde financier. Si l'on considère que les manoeuvres exposées ici ont été, en vingt quatre ans, élevées à la puissance mille, il y a de quoi s'angoisser légitimement sur l'avenir qui nous est réservé par les véritables puissants de la planète, à savoir les Bill Gates du futur, qui auront entre leurs mains, la maîtrise et l'utilisation des nanotechnologies ou autres innovations... 
 
    Légèrement daté, mais indispensable. Un regret tout de même : que la musique de Philippe Sarde se montre aussi agressive et envahissante...
   
Bernard Sellier