Millenium, film de David Fincher, commentaire

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Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes,
   (The girl with the dragon tattoo),     2011, 
 
de : David  Fincher, 
 
  avec : Daniel Craig, Rooney Mara, Stellan Skarsgard, Christopher Plummer, Joely Richardson, Robin Wright, Embeth Davidtz, Steven Berkoff,
 
Musique : Trent Reznor, Atticus Ross

  
   
Mikael Blomkvist (Daniel Craig), reporter à la revue Millenium, perd le procès que lui a intenté pour diffamation un puissant industriel, Hans Wennerström (Ulf Friberg). Désireux de se retirer pour un temps dans le calme, il accepte la proposition d'un vieux magnat retiré des affaires, Henrik Vanger (Christopher Plummer) : à savoir écrire ses mémoires, mais, surtout, parvenir à découvrir le mystère de la disparition, voici plusieurs décennies, de sa petite nièce Harriet... 
 
   "The game", "Fight Club", "Panic Room", "Seven", "L'étrange histoire de Benjamin Button", voir même "The social network"... David Fincher nous a habitués à des scénarios originaux, dérangeants, insolites. Revisiter la trilogie de Stieg Larsson, après une enthousiasmante adaptation de celle-ci ("Millenium, la série"), pouvait paraître pour le moins superflu. Qu'apporte donc cette première adaptation ? A vrai dire, hormis l'habillage visuel classieux qui est une des marques du réalisateur, ainsi qu'une tension générale parfaitement maîtrisée (l'auteur de "Seven" ne pouvait faire moins !), pas grand chose de remarquable. Si le choix de Rooney Mara se révèle excellent, parvenant (presque) à faire oublier la volcanique Noomi Rapace, celui de Daniel Craig est plus discutable. Le choix d'un inconnu (chez nous), Michael Nyqvist, dans la série de Niels Arden Oplev, semble plus judicieux que celui d'une figure désormais inséparable de la personnalité de James Bond. La froideur qu'il affiche est certes en osmose profonde aussi bien avec la nature environnante qu'avec les dérives pathologiques qu'il côtoie, mais l'ensemble est plongé de la sorte dans une sorte de congélation générale, de distanciation majestueuse, qui ne permettent guère au spectateur de s'immiscer dans le vécu dramatique des protagonistes. Un second handicap réside dans le fait que, contrairement au récit tentaculaire des épisodes de la série, le fait de réduire aux limites d'un film fermé ce qui n'est, en réalité, que l'entrée en matière d'une tragédie à ramifications multiples, donne parfois une impression de gratuité dérangeante. C'est le cas, en particulier, pour les épreuves sexuelles subies par Lisbeth, qui, si ma mémoire est fidèle, étaient nettement mieux intégrées à son vécu douloureux dans la version de Niels Oplev. Ce n'est que grâce à l'implication exceptionnelle de Rooney Mara, que "passe" l'aspect "expédié" de cette tragédie intime. 
 
   Une oeuvre intéressante, conduite avec autorité, mais qui ne provoque jamais l'envoûtement espéré.
   
Bernard Sellier