Mortel transfert, film de Jean Jacques Beineix, commentaire

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Mortel transfert,
       2001, 
 
de : Jean-Jacques  Beineix, 
 
  avec : Jean-Hugues Anglade, Hélène de Fougerolles, Yves Rénier, Robert Hirsch, Denis Podalydes, 
 
Musique : Reinhardt Wagner

   
 
Michel Durand (Jean Jugues Anglade) est psychanalyste. Il a pour patiente Olga (Hélène de Fougerolles), étrange épouse masochiste et kleptomane d'un richissime promoteur, Max Kubler (Yves Rénier). Un jour, Michel s'endort au cours de la séance avec la jeune femme. Lorsqu'il émerge, Olga a été étranglée. Il dissimule cette mort et les ennuis commencent, d'autant plus qu'elle a apparemment volé sept millions de francs à son mari... 
 
 Que se passe-t-il chez Jean-Jacques Beineix ? Certes, il aime métamorphoser les aventures et les personnages banaux en divagations originales et baroques. Après un passionnant "Diva" qui illustrait assez heureusement cette tendance, un sulfureux "37°2, le matin" dominé par une Béatrice Dalle volcanique et disjonctée, un "I.P.5" marginal et décalé, et huit années de quasi absence, il revient sur le devant de la scène avec cette oeuvre pour le moins déconcertante. 
 
 Un scénario mollasson et hautement abstrait ; un Jean-Hugues Anglade (que j'ai beaucoup aimé dans "37°2, le matin" et dans "Nikita") qui semble bien peu crédible dans son personnage de psychanalyste ; un Robert Hirsch, au rictus de paralytique, qui, dans la première partie, se contente pour tout dialogue d'égrener des "oui................oui........" caricaturaux auxquels on a envie d'ajouter le cultissime "c'est celaaaa..." du "Père Noël est une ordure" ; des personnages munis de problèmes dont je me contrefiche éperdument tant ils semblent débarqués d'une planète qui n'a jamais vu pousser la moindre émotion authentique ; des péripéties qui tiennent tantôt du polar lymphatique, tantôt du grand guignol (la scène du cimetière me fait penser à du Ken Russel agonisant !), tantôt de la romance douce-amère ; un troisième tiers bavard qui tente pathétiquement de donner un sens à cet imbroglio hasardeux... Tout cela me semble funambulesque, passablement déjanté (ce qui pourrait être une qualité), mais surtout, terriblement ennuyeux tant le résultat est vain. 
 
 Il faut reconnaître le fait que tous ces gens évoluent dans des décors baroques dont l'agrément n'est pas négligeable, que certains personnages sont tellement improbables (Erostrate en particulier) qu'ils en deviennent divertissants, que les visions clipesques et colorées réveillent le spectateur somnolent. Mais à la sortie, je garde le souvenir d'une oeuvre en adéquation totale avec le temps qui y règne en permanence : engourdissante et glaciale.
   
Bernard Sellier