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Premier contact,
     (Arrival),     2016, 
 
de : Denis  Villeneuve, 
 
  avec : Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Mark O'Brien, Tzi Ma, Michael Stuhlbarg,
 
Musique : Johann Johansson

  
   
Plusieurs vaisseaux d'origine extra terrestre arrivent simultanément en divers points du globe. Aux Etats-Unis, l'armée fait appel à Louise Banks (Amy Adams), spécialiste du langage, pour tenter de découvrir les intentions des visiteurs. En compagnie d'un autre spécialiste, Ian Donnelly (Jeremy Renner), elle pénètre à l'intérieur du vaisseau et tente d'entrer en contact... 
 
   Après un "Sicario" qui ne présentait pas la même puissance émotionnelle que "Prisoners", Denis Villeneuve visite ici la science-fiction d'une manière aussi inattendue que captivante. Tout d'abord grâce à une approche intelligente, visuellement épurée, totalement anti spectaculaire, aux antipodes des "Independance day" et autres blockbusters hollywoodiens. Mais il n'est pas non plus le premier. Il suffit d'évoquer les passionnants "Abyss", "Contact", ou encore "Rencontres du 3ème type" pour en être convaincus. Le scénario se place ici uniquement sur le plan de la communication, et parvient, dans ce domaine linguistique passablement aride, à tenir en haleine le spectateur avec une économie de moyens extrême, sans jamais recourir à une quelconque forme d'action. Ce qui n'induit pas que le suspense soit absent. Communication entre les protagonistes et les heptapodes, mais aussi et surtout, communication entre les civilisations. 
 
   Mais cet abord propre à la science-fiction classique n'est qu'une moitié de l'histoire. Car à travers les vécus physiques et oniriques de Louise, le récit aborde en plus une composante fondamentale de notre espèce terrienne, à savoir ce que nous considérons comme un écoulement linéaire du temps. Ce que le spectateur prend tout au long de l'aventure comme des flash back sont en réalité une projection dans un futur non encore parcouru. Dès lors surgit une question fondamentale à laquelle il serait très difficile de répondre, à supposer que nous ayons cette possibilité : quelles seraient nos actions si nous avions connaissance de ce que l'avenir nous réserve ? Et, accessoirement, aurions-nous la possibilité de changer certaines données entrevues ? Le film répond clairement à ce dilemme et nous offre au final, dans le vécu de Louise, un parcours humain aussi envoûtant que bouleversant, ainsi qu'une illustration subtile de l'une des théories évoquées au cours du récit : "la langue que l'on parle détermine-t-elle la façon de penser" ?
   
Bernard Sellier