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Les ripoux,
       1984, 
 
de : Claude  Zidi, 
 
  avec : Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Régine, Grace de Capitani, Claude Brosset, Julien Guiomar, Michel Crémades,
 
Musique : Francis Lai

  
   
René (Philippe Noiret), inspecteur de police, arpente depuis vingt ans le bitume de la capitale. Autant dire qu'il connaît par coeur tous les petits truands de son quartier et les prostituées qui battent le pavé. Il arrondit ses fins de mois grâce au tiercé, mais, plus efficacement, grâce à des "ponctions" sur les commerçants ou les proxénètes. Un soir, en compagnie de son collègue Pierrot (Pierre Frag), il entreprend de soulager de son magot un maquereau qui vient de collecter la recette de ses travailleuses. Mais la police survient et, devant l'urgence de la situation, René décide d'arrêter l'un des coupables, à savoir son propre compagnon. Ce qui lui permet de passer pour un flic incorruptible auprès de son supérieur, le commissaire Bloret (Julien Guiomar). Mais un nouveau partenaire est attribué à René : François, arrivé tout droit d'Epinal. Jeune, beau, et, surtout, solidement planté sur le respect de l'ordre et de l'honnêteté... 
 
   Il n'est nul besoin de présenter davantage ce classique parmi les classiques de la comédie made in France. Nous sommes loin des atmosphères lourdes, des drames sombres, façon "Serpico", "Narc", ou encore "Training Day". Ici, exception faite de Camoun (Bernard Bijaoui), qui ne fait qu'une courte apparition au finale, les truands sont quasiment tous de braves types, qui tiennent plus de la caricature de bande dessinée que du psychopate dangereux, et ce René, pourri jusqu'à la moelle, recèle finalement un coeur d'or. Inutile de chercher une grande vraisemblance psychologique dans cette évolution fulgurante de l'incorruptible François, rapidement converti par les formes avenantes de Natasha (Grace de Capitani). Comme c'était le cas pour le délicieux "Association de malfaiteurs", le rire, la tendresse, la bonne humeur sont ici rois. Un rythme enlevé dans une première partie brillante, fait la part belle à des numéros particulièrement jouissifs : René dictant ses réponses au pick-pocket (Michel Crémades), afin d'éviter l'enflure des statistiques, François embarqué par les éboueurs... Tout cela ne révolutionne pas le septième art, mais, comme pour les grands classiques, genre "Les Bronzés", "Le Père Noël est une ordure" ou autres "Tontons flingueurs", déride les zygomatiques avec efficacité, même si Didier Kaminka n'a pas la verve explosive d'Audiard ! La seconde partie sacrifie un peu au conventionnel et au prévisible, mais, en compensation, introduit quelques poussées de mélancolies qui sont les bienvenues. Inutile de préciser que Philippe Noiret est impérial dans ce rôle taillé sur mesure pour sa bonhomie tantôt pateline, tantôt bourrue. Une sympathique équipée.
   
Bernard Sellier