La ligue des Gentlemen extraordinaires, film de Stephen Norrington

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La ligue des gentlemen extraordinaires,
  (The League of extraordinary Gentlemen),     2003, 
 
de : Stephen  Norrington, 
 
  avec : Sean Connery, Peta Wilson, Tony Curran, Stuart Townsend, Shane West,  
 
Musique : Trevor Jones

   
   
1899. Une série d'attaques meurtrières ont lieu, tant à Londres, contre la Banque d'Angleterre, qu'à Berlin contre des savants, kidnappés avec leurs familles. Le responsable de ces exactions est "Le Fantôme", qui souhaite, par intérêt, voir s'installer une guerre mondiale. Le Gouvernement Britannique, par l'intermédiaire du mystérieux "M" (Richard Roxburgh), fait appel à un groupe d'hommes dotés de pouvoirs exceptionnels. Se retrouvent donc Allan Quatermain (Sean Connery), véritable légende vivante, Mina Harker, la femme-vampire (Peta Wilson), Rodney Skinner (Tony Curran), l'homme invisible, le Capitaine Nemo (Naseeruddin Shah), Dorian Gray (Stuart Townsend), le docteur Jekyll (Jason Flemyng) et Tom Sawyer (Shane West). Tout ce beau monde se rend à Venise. Là, durant le carnaval, doit se tenir une réunion secrète de nombreux Chefs d'Etat. Il ne fait guère de doute que "le Fantôme" va frapper... 
 
   Comme dirait "l'autre", voilà une idée qu'elle est pas banale ! Mais, étant donné, d'une part, la pénurie de sujets (depuis quelques années on voit surgir un nombre impressionnant de "remake"), d'autre part la course au "toujours plus", il n'est finalement pas aberrant qu'une telle conception ait surgi dans le cerveau d'un scénariste ! Le héros pur et dur, qui travaille en solitaire, est dépassé. Après avoir épuisé quasiment tous les filons des surhommes de tous poils, "Spiderman", "Hulk", "Batman", "Superman", "Indiana Jones"..., sans oublier l'increvable James Bond, une seule solution se présentait pour les enfoncer individuellement : assembler un certain nombre d'entre eux.  
 
   Là où l'histoire se dépasse, c'est tout de même dans le choix des personnages, pour le moins inattendu ! Faire cohabiter Allan Quatermain (soit dit en passant, les ouvrages de Henry Ridder Haggard qui le mettent en scène, "She" en particulier, sont passionnants !), l'homme invisible de Herbert George Wells, une "vampiresse", le Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, hideux, qui se prend pour un Hulk décoloré, le jeune bellâtre Dorian Gray, et le héros de Jules Verne transformé en Hindou à la barbe de soixante centimètres, il faut tout de même l'oser ! Cela dit, reconnaissons que cet assemblage hétéroclite ne manque pas d'une certaine saveur. Tout au long d'une histoire totalement invraisemblable, qui tient à la fois de "Wild Wild West", de "Matrix" (Mina pourrait rivaliser avec Neo), du film de sabre genre "La Princesse du désert" (Nemo est devenu un expert en découpages instantanés !), nous voyons se développer les potentialités physiques de chacun, leurs qualités intrinsèques, à défaut d'une psychologie qui s'est désintégrée dans les oubliettes. Mais là n'est évidemment pas le but du film !  
 
   Quelques décors surprenants qui ne font pas dans le subtil ou le mesuré (le "Nautilus" ferait presque passer le "Titanic" pour une goélette !), souvent moyennement convaincants (Venise a vraiment l'aspect d'une construction pour jeux vidéo et sa destruction rappelle le bon vieux temps des rochers en carton-pâte qui s'abattaient par centaines dans les péplums des années soixante !), un scénario sans grande surprise, un petit nombre de séquences bien venues (Dorian Gray et son portrait), et d'autres (l'affrontement des deux Hyde) carrément grotesques, des combats filmés façon moderne, c'est-à-dire que l'on ne voit quasiment rien tant le montage est speedé... Le bilan est plus que mitigé. Mais l'œuvre s'adresse par nature aux adolescents branchés jeux vidéo, qui trouveront peut-être leur compte dans cette composition aussi agitée qu'infantile. 
   
Bernard Sellier