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Pale rider,
      1985, 
 
de : Clint  Eastwood, 
 
  avec : Clint Eastwood, Carrie Snodgress, Richard Dysart, Sydney Penny,
 
Musique : Lennie Niehaus

  
   
Un campement pauvre de chercheurs d'or. La vie pourrait y être paisible, bien que misérable, si le puissant et riche La Hood, secondé par son odieux fils, déjà détenteurs de la presque totalité des concessions, ne cherchait à s'approprier illégalement celle-ci, en terrorisant les propriétaires afin qu'ils quittent les lieux spontanément. Au cours d'une énième action de ses hommes, les habitations de fortune sont détruites et le chien de Mélanie (Megan en anglais) est tué. La jeune fille implore le ciel de faire un miracle. 
 
   Le même jour, un mystérieux inconnu, qui se dit pasteur (Clint Eastwood), sauve du lynchage un des chercheurs d'or, Hull Barret (Michael Moriarty). Ce dernier, en remerciement, ramène l'inconnu au campement... 
 
   Cette oeuvre est, après "L'homme des hautes plaines" et "Josey Wales, hors la loi", un des premiers films qui ait fait connaître Clint Eastwood comme réalisateur de talent. On y trouve à la fois certaines caractéristiques des westerns de Sergio Leone : la lenteur (le pasteur est un homme marqué par la vie et usé), la scrutation des visages, sans toutefois les excès outranciers du metteur en scène italien ; et, à la fois les germes de caractéristiques qui se développeront plus ses œuvres futures : l'amour impossible entre deux personnages d'âge déjà avancé, désabusés, que l'on retrouvera, sublimé, dans le magnifique "Sur la route de Madison". 
 
   Le scénario est simple et linéaire. L'homme impassible, dont on ne sait rien, presque détaché de la vie, qui va se résoudre à aider de pauvres bougres sans défense. Mais, sur ce canevas modeste, Eastwood greffe nombre de ramifications intéressantes : la rapacité et l'inconscience des hommes qui commence (déjà !) à mutiler la nature ; la découverte de l'amour par une adolescente sauvage et tendre ; la coexistence difficile entre la peur qui ronge et le désir de se fixer ; et même un embryon de mysticisme. 
 
   Sans compter un certain nombre de personnages secondaires attachants ou typés : le géant au cœur tendre (ex Jaws de "Moonraker" et de "L'espion qui m'aimait") ; le shériff au faciès de spectre et ses suppléants qui, avec leurs tronches funèbres et patibulaires, semblent sortis tout droit d'"Il était une fois dans l'ouest" ; la jeune Megan, impulsive et jalouse, d'une radieuse beauté ; l'ivrogne de service, sans lequel un western ne serait pas ce qu'il doit être... 
 
   Clint Eastwood, au visage étonnamment usé ( le film date pourtant de 1985 !) apporte à son personnage et à l'oeuvre dans son ensemble une marque mélancolique et désabusée qui imprègne durablement la mémoire du spectateur. 
 
     "S'il y avait plus d'amour sur cette terre, la mort frapperait moins d'innocents". Cette phrase, prononcée par le personnage du (faux) pasteur, résume à elle-seule le film et symbolise son attitude ambiguë envers Sarah (Carrie Snodgress)...
   
Bernard Sellier