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The sinner,
     Saison 3,       2020 
 
de : Derek  Simonds..., 
 
avec : Chris Messina, Bill Pullman, Dohn Norwood, Matt Bomer, Eddie Martinez, Christopher Abbott, Carrie Coon,
 
Musique : Ronit Kirchman

 Saison 1        Saison 2        Saison 4

  
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Le lieutenant Harry Ambrose (Bill Pullman) est retourné à Dorchester. Il est appelé une nuit pour un accident de voiture. Le passager, James Burns (Matt Bomer) a appelé les secours, et le chauffeur, Nick Haas (Chris Messina) est décédé. En approfondissant un peu les conditions du drame, Harry se rend compte que tout n'est pas clair, puisque James n'a appelé les secours qu'une heure après l'accident...
 
  Changement de registre avec ce début d'intrigue qui semble renouer avec les intrigues classiques dans lesquelle la spiritualité n'a guère de place. Mais les scénaristes savent cacher habilement leur jeu et leurs talents, car, très progressivement, l'histoire s'oriente de façon de plus en plus profonde vers une instrospection des abysses psychiques du principal acteur du drame, mais aussi de tous ceux avec lesquels il entre en contact. Le drame de la saison 2 affichait une qualité narrative et humaine de première grandeur, mais celui qui se développe ici le fait paraître presque anodin, tant la profondeur des enjeux fondamentaux et des relations qui se développent entre les principaux protagonistes (James, Harry, Sonya, Leela) atteint des sommets vertigineux. La quête insensée que mène James, (définitivement parasité par le fantôme de Nick et ses obsessions pathologiques), en l'occurrence toucher la liberté que l'on peut ressentir seulement à l'instant où on est confronté à la peur ultime, provoquer la mort, la regarder en face pour donner un sens à sa vie, déteint sur les êtres qui tentent de comprendre son pessimisme fondamental et ses pulsions de plus en plus meurtrières, malgré les barrières qui subsistent encore dans l'inconscient de James. Si le suspense est toujours présent et efficace, il s'efface devant cette plongée traumatisante dans la psyché de ces protagonistes, tous visités par des pulsions à la fois humanistes et mortifères, qui oscillent entre une empathie presque involontaire envers un homme profondément perturbé et une attirance inconsciente vers l'expérience extrême susceptible de colorer la vie avec des teintes nouvelles et inconnues. L'ensemble est envoûtant, fascinant, d'une richesse psychologique magistrale, et incarné de façon exceptionnelle par un Matt Bomer à l'exprissivité sobre mais intense, et un Harry fragile, ambigu, subtilement doublé par Renaud Marx.

 Une saison de très grande qualité, qui rejoint sur le sommet des réussites comme «Mare of Easttown», «Messiah», ou «The victim». La tâche s'annonce difficile pour la saison 4. Atteindre un tel niveau de maturité ne sera pas une sinécure...
   
Bernard Sellier