Manifest, saison 1, série de Jeff Rake, commentaire

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Manifest,
     Saison 1,      2018 
 
de : Jeff  Rake..., 
 
avec : Melissa Roxburgh, J.R. Ramirez, Josh Dallas, Parveen Kaur, Luna Blaise, Athena Karkanis, Daryl Edwards,
 
Musique : Danny Lux


 
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Le 7 avril 2013, le vol 828 décolle en direction de New York. Hormis de violentes turbulences, l'atterrissage se fait dans un aéroport proche de la cité, où attendent une foule de policiers et de membres du FBI. Nous sommes en fait le 4 novembre 2018. Le bouleversment est total pour tous les passagers et leurs familles. Michaela Stone (Melissa Roxburgh), par exemple, trouve son fiancé, le policier Jared Vasquez (J.R. Ramirez), marié avec une amie de la jeune fille. Mais ce n'est que le début de phénomènes mystérieux, car chaque passager du vol ressent d'étranges messages subliminaux... 
 
 Même si le thème n'est pas réellement nouveau ("Les 4400", "Les revenants", "Lost"...), il n'en demeure pas moins fascinant, et source quasi inépuisable de rebondissements en tous genres, d'autant plus que les passagers sont nombreux. Et le spectateur risque de ne pas être déçu car, dès le premier épisode, des manifestations psychiques amènent des résolutions d'énigmes de façon supersonique. Le "hasard" est-il en cause ? Voilà l'une des questions intéressantes et pertinentes qui vont être posées de manière récurrente durant le récit. Celui-ci se partage entre deux grands domaines. D'une part le mystère en lui-même, avec les multiples conséquences qui impactent l'existence des survivants, et, d'autre part, les traumatismes psychologiques qui atteignent aussi bien les revenants que les membres de leurs familles qui ont refait leur vie. Cette seconde partie se montre très classique, avec les dilemmes traditionnels qui bouleversent celles et ceux qui n'ont pas attendu pour trouver un nouvel amour, ou les déchirements familiaux qui surviennent lorsque l'action de l'un des revenants est incompatible avec la logique de ceux qui n'ont pas vécu l'impossible. Mais il va de soi que l'aspect le plus excitant de cette histoire folle réside dans l'approfondissement d'un mystère qui n'en finit pas de s'épaissir. Comme il se doit dans ce genre d'énigme qui interpelle aussi bien les scientifiques que les politiciens, nous retrouvons les agences de renseignements, les donneurs d'ordres inconnus qui tentent de découvrir le Saint Graal, les espions missionnés pour embrouiller les pistes ou pour découvrir des bribes d'informations cruciales, ainsi que les héros sans peur qui sont prêts à tout pour comprendre l'incompréhensible. Bref, toute la panoplie attendue, avec, cela va sans dire, pas mal de raccourcis événementiels qui ne sont pas toujours de la plus grande vraisemblance. Il n'empêche que cette quête d'une explication est constamment passionnante, d'autant plus que le rythme ne faiblit jamais. Les personnages sont dans leur grande majorité attachants et suffisamment bien définis pour habiter ce thriller ésotérique d'une façon très convaincante. Le seul écueil que l'on redoute est, comme ce fut le cas pour "Lost", de voir le dénouement saper d'un coup tout ce qui brillait dans  une fable aussi énigmatique qu'inventive. Les derniers épisodes abordent une autre facette sociologique, avec la constitution de divers groupes antagonistes. D'un côté, les illuminés, genre Adrian, qui font croire que les "revenants" sont des faiseurs de miracles. De l'autre, les adversaires forcenés qui voient dans les survivants de dangereux aliens. Un ostracisme stupide, voire criminel, qui n'est pas sans évoquer les récentes prises de position agressives contre les personnes refusant de se faire injecter le produit Pfizer... 

 Une série profondément attractive, dont on a hâte de voir les développements, en espérant que les scénaristes parviendront à se sortir de cette intrigue plus qu'énigmatique sans se ridiculiser. Ce n'est pas gagné d'avance. Par contre, ce qui est évident, c'est que l'histoire, à laquelle il manque certes un peu de finesse, est captivante de bout en bout.
   
Bernard Sellier