Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Paycheck,
      2003,  
 
de : John  Woo, 
 
  avec : Ben Affleck, Uma Thurman, Aaron Eckhart, Paul Giamatti, Colm Feore, Joe Morton,
 
Musique : John Powell, John Ashton Thomas

 
   
Michael Jennings (Ben Affleck) est un ingénieur dont les missions, top secrètes, se déroulent de manière un peu particulière. Une fois son travail accompli, son ami Shorty (Paul Giamatti) efface de son cerveau les souvenirs accumulés pendant la période d'"emploi". Un jour, James Rethrick (Aaron Eckhart), ami de Michael, lui propose un nouveau job, mieux rétribué que les précédents, mais d'une durée beaucoup plus longue : sans doute trois ans ! Après une hésitation, Jennings accepte. Une fois dans les locaux de la Société Allcom, pour laquelle il va oeuvrer et qu'il ne quittera plus pendant toute la durée du contrat, un isotope lui est injecté, qui détruira toutes les données engrangées lorsque Michael sortira. C'est ce qui se produit. Malheureusement, le jeune homme a la mauvaise surprise de constater qu'au lieu des dix millions de dollars promis, il ne récupère qu'une pochette avec une vingtaine d'objets sans valeur ! Et, comble de la surprise, il semblerait que ce soit lui qui, avant d'être "effacé" aurait renoncé à l'argent au profit de ces babioles !... 
 
   Le sujet de la mémoire est décidément à la mode. Ce qui est bien compréhensible, étant donné les infinies possibilités scénaristiques qu'offre ce mystérieux empilement de millions de faits, soumis à l'écoulement apparent du temps. Que ce soit sur le plan purement médical ("Se souvenir des belles choses", "N'oublie jamais") ou sur le plan des facteurs extérieurs ("Mémoire effacée"), on ne compte plus les films récents qui jouent plus ou moins habilement de ce sujet. Ici, nous sommes dans le primaire basique, tout au moins en ce qui concerne l'évolution du scénario. Et c'est bien regrettable, car l'idée de départ, tout à fait passionnante, aurait mérité autre chose qu'une accumulation vaine de poursuites agitées et invraisemblables à souhait, comme nous en délivre régulièrement le cinéma américain.  
 
   S'appuyant sur un rêve sans doute aussi vieux que l'humanité : savoir si l'avenir peut être perçu et, si oui, quelles en seraient les conséquences ("Retour vers le futur" !), et construit sur une idée tout à fait jouissive : programmer sa survie avant "effacement définitif", en se faisant envoyer les outils nécessaires à elle, la trame se prêtait particulièrement bien à une reconstitution de puzzle envoûtante. Le résultat sur ce plan là est bien mince, et ce sont surtout les jambes, les braset les armes en tous genres, qui tiennent la première place. Suivant les plans, on se croirait parfois dans "Minority report" (inspiré du même Philip K. Dick), ou au coeur d'un épisode de "Mission impossible" dans lequel, malheureusement, le bruit et la fureur remplaceraient les neurones et la subtilité. Sans compter que Ben Affleck, certes sympathique, semble bien pâle, même à côté de Tom Cruise, qui n'est pourtant pas un modèle d'aventurier à la Indiana Jones. Uma Thurman n'a pas de mal à se montrer plus magnétique que son coéquipier. L'agitation permanente et la tortuosité de l'aventure sont tels que le scénariste pourrait nous faire gober n'importe quelles aberrations. Et la conséquence immédiate est que notre souvenir (celui qui n'est pas encore effacé !) ne retient pas grand chose de ce salmigondis, une fois le générique de fin arrivé ! 
 
   A réserver avant tout aux accrocs du survitaminé, même si l'intelligence n'est pas complètement absente... "Minority report" ou "Total Recall", jallis de l'inspiration du même auteur, sont infiniment plus riches et envoûtants !
   
Bernard Sellier